ne bonne dose de courage. Plutôt que baisser les bras alors que les candidats au rachat ne se bousculent pas au portillon, Monique Jougla Trinh-Duc ne veut pas perdre de temps et saisir toutes les opportunités pour parvenir à vendre son exploitation de Saint-Pierre de Buzet, dans le lot-et-garonne. Sans complexe, elle a décidé de jouer les femmes-sandwich en arpentant les allées du salon Vinitech parée de son annonce de vente, impossible à ne pas remarquer lorsqu’on la croise. « J’approche de mes 70 ans et alors que j’ai publié des annonces depuis plusieurs mois, il n’y a eu qu’un seul coup de téléphone, qui n’a pas été concluant », explique-t-elle.
Pas encore de dépit pour la vigneronne qui veut profiter de la retraite, mais plutôt une inquiétude marquée vis-à-vis du temps qui passe et des délais nécessaires pour finaliser ce genre de transaction. « Je sais que ce sera long, mais il faut avant tout trouver des personnes intéressées, donc pourquoi pas trouver une personne intéressée à l’occasion d’un tel salon qui concentre beaucoup de professionnels », rebondit Monique Jougla Trinh-Duc. 4ème génération à la tête du vignoble familial, la vigneronne n’a pourtant repris l’exploitation que sur le tard, après une vie professionnelle en tant que psychologue clinicienne.
« Mes parents sont restés en activité très tard, après 80 ans, sans jamais penser à la transmission de l’exploitation, alors que ma sœur et moi sommes parties vers d’autres horizons. Quand mon père a décidé d’arrêter, il a pourtant bien fallu prendre une décision. Ma sœur souhaitait vendre, j’ai choisi de reprendre l’activité pour faire perdurer le vignoble familial », déroule Monique Jougla Trinh-Duc. Elle prend donc sa retraite de psychologue en 2017 et bascule entièrement dans le monde vigneron, assistée d’un chef d’exploitation pour faire tourner cette propriété de 28 hectares en apport total à la cave des vignerons de Buzet. Elle entame la conversion en bio de l’ensemble du parcellaire tout en sachant qu’elle ne pourra conduire cette nouvelle activité sur le long terme.
O.Bazalge
« La question de la vente est rapidement revenue à la surface, car ni mes enfants ni ceux de ma sœur n’ont la volonté d’assurer la suite, je me suis peut-être trop laissée prendre par l’affectif lorsque j’ai choisi de reprendre, mais il est maintenant temps de céder la propriété », concède celle qui est également la tante de l’ancien ouvreur du XV de France François Trinh-Duc. Pour faciliter la vente, 3 lots ont été décomposés entre le foncier viticole de 28,5 ha, la société d’exploitation en SCEA qui dispose du matériel et des deux hangars, et la maison de 310m², son parc et ses dépendances. Loin de perdre sa bonne humeur, la propriétaire veut croire en ses chances de croiser des candidats intéressés, et repart sans tarder dans son arpentage du grand salon bordelais.