n peu plus loin dans l'horreur. L’enquête sur le décès par deux coups de feu du vigneron Jean-Luc Vadin (57 ans) à Cumières (Marne) ce vendredi 30 septembre vient d’aboutir à l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre de son fils, Yann Vadin (33 ans), pour meurtre sur ascendant indique le parquet de Reims ce 6 octobre. Placé en détention provisoire, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Évoquée dans un premier temps dans l'enquête, la piste du cambriolage a été abandonnée (les traces de vols relevées étant le fait du meurtrier). Dans un communiqué, le procureur de la République, Matthieu Bourrette rembobine l'affaire : « une autopsie pratiquée le premier octobre 2022 confirmait la thèse du décès par arme à feu, avec intervention d ‘un tiers. Le 5 octobre 2022, la Direction Territoriale de la Policie Judiciare de Reims plaçait en garde à vue Yann Vadin [qui] après avoir nié tout acte criminel, reconnaissait devant les enquêteurs et en présence de son avocat, avoir tué son père, et avoir organisé la mise en scène d’un cambriolage. »
Déclarant aux enquêteurs avoir agi seul, Yann Vadin « expliquait que, travaillant au sein de l’exploitation viticole avec son père, les deux étant associés, il souffrait de la pression importante qu’il subissait de la part de son père, outre des difficultés qu’il rencontrait sur la gestion de l’entreprise, et l’existence de prélèvements financiers importants qu’il avait réalisés sur les comptes de la société à son bénéfice personnel et qu’il avait du mal à rembourser. » S'il note que le mobile est encore à affiner, le procureur rapporte que Yann Vadin « indiquait aux enquêteurs être arrivé très tôt au domicile de son père, le vendredi 30 septembre, avec l’intention de se suicider avec sa propre arme à feu. Pour des motifs qui restent à déterminer, il avait croisé son père dans la maison et avait tiré en sa direction à une reprise, selon Yann Vadin par accident. Il reconnaissait avoir immédiatement rechargé l’arme et avoir tiré une seconde fois sur son père, selon lui pour abréger ses souffrances. Il avait ensuite organisé le faux cambriolage, et était revenu chez lui avant de repartir au domicile de son père prendre son service vers 8 heures du matin. »


« C'est un deuxième choc, c'est l'horreur pour une famille connue et appréciée ! » confie un vigneron du cru, qui n'imaginait « pas une seconde » cette révélation inimaginable. Même s'il reconnaît qu'il avait du mal à croire à un cambriolage tournant mal. Ce retournement de situation tombe le jour même d’un recueillement dédié à la mémoire de Jean-Luc Vadin : ce jeudi 6 octobre à 18 heures à l’église de Cumières. Village dont le vigneron champenois était une personnalité appréciée, comme en témoignent les nombreux hommages qui affluent depuis sa disparition.
« On l'appelait "Le Chat", c'était un homme souriant, professionnel, gentil... » salue Soledad dans un commentaire présentant son soutien à son père, Guy Vadin, et sa sœur, Catherine Vadin. « Toutes mes condoléances, un homme, une famille très sympa. Je livrais et je faisais des enlèvements chez eux : jamais un mot de travers ou plus haut que l’autre même si j’étais en retard » se souvient Bruno.
« Tu vas laisser un grand vide dans ma vie et dans celle de tes copains » écrivait Yann Vadin sur Facebook le premier octobre, au lendemain de la mort de son père, Jean-Luc Vadin. Sur le même réseau social ce 5 octobre, la fille de Jean-Luc Vadin lui dit « merci pour la culture musicale que tu m’as donné à travers les kilomètres qu’on a fait pour les livraisons, à coup de Renaud ou d’Axel Bauer. Te dire merci pour l’indépendance que tu m’as inculqué » et « merci pour l’amour du vin que tu m’as transmis ».
Les obsèques de Jean-Luc Vadin auront lieu ce lundi 10 octobre au cimetière de Cumières.