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Machinisme
Quand les machines à vendanger deviennent des machines à désherber

Des viticulteurs enlèvent la tête de récolte de leurs machines à vendanger trainées et les transforment en porte-outils pour travailler le rang. Ils en retirent une facilité d’utilisation à toute épreuve.
Par Vincent Gobert Le 21 décembre 2021
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ien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! Du Val de Loire à la Drôme en passant par les Corbières, des viticulteurs modifient leurs machines à vendanger trainées. Leur but ? Les transformer en châssis porte-intercep ! Tous nous disent leurs bonnes raisons de se lancer dans l’aventure : adaptation à leur plantation, simplicité de la conduite, polyvalence du tracteur, etc. Et sont ravis du travail effectué.

Précurseur, Vincent Delanoue en a inspiré plus d’un ! Installé depuis 2009 sur 43 ha de vignes certifiées HVE à Benais, près de Bourgueil, il a modifié une machine à vendanger trainée Howard dès 2013. « Je cherchais une Alma et je suis tombé sur une Howard, se souvient-il. Je l’ai achetée 750 € du côté de St-Emilion. En la désossant, j’ai enlevé environ une tonne de ferraille ! Cela représente un sacré poids en moins. Et j’ai revendu pour 500 € de ferraille et d’inox ! Autant dire que ça ne m’a pas coûté grand-chose… Mais l’Alma aurait été plus facile à démonter. »

"Idéal pour le travail du sol au pied des ceps"

Après huit années d'utilisation, celui qui est à la tête du Domaine de la Noiraie avec ses parents et son oncle ne regrette rien. « C'est idéal pour le travail du sol au pied des ceps. On l’utilise avec des lames interceps, ça fonctionne très bien. La conduite est très simple grâce à un système d’autoalignement du châssis sur la flèche. On peut donc la confier à un salarié les yeux fermés. Contrairement à un outil qui travaillerait sur deux demi-rangs, ce châssis s’adapte parfaitement à nos interrangs qui ne sont pas du tout réguliers. On a des interlignes de 1,8 et d'autres à 2 m. Ce châssis s’adapte aussi à nos parcelles en pointe. On en a beaucoup. Ainsi qu'à notre parcellaire très morcelé. Autre avantage : on peut utiliser n’importe quel tracteur car ce n’est pas du tout gourmand en puissance. Ni même en carburant du reste ».

"Du confort au pilotage"

Ces motivations, nous les retrouvons aussi chez Jean-Pierre Fraud. Viticulteur sur environ 7,5 ha en HVE à Solaure en Diois, dans la Drôme, il a acheté une MAV trainée Alma en 2018. « Quand, avec mon gendre, nous avons pris connaissance de la fabrication de Vincent Delanoue et nous nous sommes lancés dans l’aventure, explique-t-il. L'Alma que nous avons est un des premiers modèles qui dispose de la hauteur hydraulique sur les roues. Ça nous est bien utile pour l’épamprage. De même, on apprécie l’autocentrage sur le rang qui est un équipement de base sur ces Alma. C’est ce qui donne du confort au pilotage ».

L'argument financier a pesé dans leur décision. « On connaissait l’Acolyte de Boisselet, décrit-il. Pour nous, ce n'était pas jouable comme investissement car on travaille une petite surface. L'Alma nous a coûté 1000 euros. On est allé la récupérer en Sud Ardèche ».

"ça marche pas mal"

Jean-Pierre Fraud a effectué ses premiers essais en 2020. « Il a fallu quelques allées et venues pour bien régler les outils. Depuis, c'est calé. Nous plaçons des lames intercep ou des brosses ID David sur le châssis. Nous sommes satisfaits du travail avec les brosses. Un tout petit peu moins avec les lames car dans nos vignes en dévers, on travaille trop profondément d’un côté et trop superficiellement de l’autre. Cela vient du fait qu’il n’y a pas de réglage indépendant de la hauteur des roues de droite et de gauche. Mais globalement ça marche pas mal ».

A Cascastel, dans les Corbières, Christian Creton veut faire lui-même certains outils. « Je suis radin ! admet-il sans détour. Je sais souder et bricoler. Donc le matériel qui n’existe pas ou qui est trop cher, je le fais moi-même ». Installé depuis 8 ans sur 20 ha, il a transformé une Alma pour travailler un rang complet et se prépare à utiliser pour la première fois ce printemps.

« J’ai failli acheter une Acolyte Boisselet d’occasion, raconte Christian Creton, mais elle m’est passée sous le nez ! De toute façon c’est cher et complexe. J’ai trouvé une vieille Alma d’occasion. je me suis dit qu'avec ça, ce sera facile et confortable de surveiller les interceps sur un rang complet. Et pour ce qui est des tournières, 3 à 4 m seront suffisants car je passerai avec un New Holland au pont avant Supersteer ».

"Beaucoup de matériaux à couper"

Avant de toucher au but, Christian Creton n’a pas ménagé sa peine. En effet, la transformation d’une MAV en MAD n’est pas de tout repos. C’est en 2019 que ce vigneron a jeté son dévolu sur une vieille Alma T5 qu’il a achetée 400 €. « Pour moi, le plus dur a été de la déshabiller, reconnait-t-il. Il y a beaucoup de matériaux à couper et arracher. Il m’a fallu quatre bonnes journées de travail rien que pour ça. Puis autant pour monter les tubes et les brides qui vont supporter les outils. Sans compter le temps à étudier comment faire ! Maintenant que les supports pour les outils sont en place, je dois me décider : soit je fabrique une lame mécanique avec un système à ressort de type Pagès, soit j’achète un intercep hydraulique, Egretier ou Souslikoff par exemple, et une centrale hydraulique. J’ai longtemps hésité, mais maintenant que je suis en conversion en bio, je bénéficie de subventions qui vont m’aider à investir. Dans tous les cas, j’envisage de débutter avec des lames ce printemps après avoir butté avec des disques fixés sur un cadre interligne ».

Jean-Pierre Fraud a aussi dû se creuser la tête pour installer ses interceps, des lames et des brosses ID David. « J’ai ajouté une pompe hydraulique et monté un circuit avec deux diviseurs de débit et un refroidissement. Une vanne permet de court-circuiter les brosses si on ne les utilise pas. J’ai fait valider tout ça par mon distributeur qui a lui-même consulté ID David ! Comme ces outils sont montés sur parallélogramme, nous les avons dû les installer l’avant du châssis car ce système d’effacement prend de la place et les outils ne passent pas entre les roues du châssis lorsqu'on est en bout de course d’effacement. Les outils sont aussi montés assez haut sur la fixation au châssis car l’effacement se fait par le dessous. On a passé plus de temps à réfléchir à tout cela, qu’à tout monter ! »

Deux semaines pour dépouiller le châssis et sa tête de récolte

De son côté, Vincent Delanoue se souvient d'avoir passé deux semaines à dépouiller le châssis de sa tête de récolte. « Ensuite, on a modifié les vérins de hauteur pour qu’ils soient contrôlés par électrohydraulique. Cette modification nous a permis d’obtenir une indépendance entre les deux côtés depuis un interrupteur en cabine, pour corriger les dévers. Puis on a ajouté les longerons pour supporter des outils et des brides pour les accrocher. J’ai aussi désactivé l’assistance hydraulique motrice de la roue extérieure. C’est quelque chose qui peut servir en vendange en conditions humides mais pas en désherbage mécanique où on intervient sur sol sec. »

A l'usage, Vincent Delanoue se félicite de ne ne pas avoir eu besoin de renforcer le châssis. « Howard, c’est du costaud, assure-t-il. A la base ça sert quand même à vendanger ! Maintenant, l’évolution que je verrais bien serait d’utiliser l’hydraulique de la ventilation de la MAV pour des têtes de tondeuses intercep. Ce montage donnerait de la polyvalence et permettrait de prendre moins de risques et de maitriser l’enherbement des années très humides ».

Pour sa part, prévenant, Jean-Pierre Fraud a consolidé le châssis de son Alma. « Mon gendre a placé une seconde poutre en hauteur entre les deux côtés et une croix à l’arrière, décrit-il. En effet, on avait repéré une autre MAV Alma qui avait déjà été resoudée en hauteur ! Donc on a pris les devants, on a renforcé la machine ».

Quelles améliorations pour l'avenir ? « Je vais essayer de fabriquer des interceps hydrauliques même si on me regarde comme un extraterrestre, projette Christian Creton. Je suis têtu, je teste ». Pour ces 3 viti-mécaniciens, comme pour bien d’autres, la solution à la suppression du désherbage chimique est semble-t-il dans l’auto-construction.

Après la traînée, l'automotrice

Après avoir transformé son Howard trainée, Vincent Delanoue s'est attaqué à une Vectur automotrice (Voir La Vigne n°343 de Juillet 2021 « Une Vectur remaniée pour le travail du sol »). Une affaire bien plus compliquée alors qu'au final, l’Howard est plus facile d’utilisation. "Sur l'automoteur, n’y a pas d’autoalignement alors que sur le châssis de MAV Howard il y a le capteur en tige filetée qui déclenche l’hydraulique du vérin de flèche pour rester centré sur le rang, explique le vigneron. En conduite c’est très simple ! Et l'Howard, n'a pas besoin de tournières plus grandes que la Vectur. Même un peu moins car on peut jouer sur la flèche hydraulique et la ramener".

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