n connait l’adage. Seul on va plus vite ; ensemble on va plus loin. Les jeunes vignerons nantais pourraient bien faire mentir cette expression populaire, en allant vite ensemble. Depuis quelques mois qu’ils ont lancé leur association, la quarantaine de membres – tous âgés de 40 ans ou moins – a avancé à grands pas.
La première opération au printemps 2021 a rassemblé 15 vignerons autour d’une formation gratuite sur l’analyse de sol et la fertilisation. « Nous nous sommes rendu compte que nos sols manquaient de chaux. Dans la foulée, on a organisé un achat groupé. Une dizaine de collègues était intéressée. On a cherché le bon fournisseur, puis on a réussi à négocier une réduction de 25 % pour les membres de l’association, soit 8 € de la tonne. La démarche a fait son chemin dans le groupe. Cette année, on relancera une commande », raconte François Ménard, 27 ans, le président des Jeunes vignerons nantais et associé au domaine familial Ménard-Gaborit à Monnières, 55 ha en appellation Muscadet.
« Je suis revenu sur le vignoble familial en avril 2019, poursuit-il. Quelques semaines plus tard, j’ai participé à une rencontre sur le travail du sol avec une centaine de collègues, dont beaucoup de jeunes, que je ne connaissais pas. Je me suis dit : on va passer 30 ou 40 ans les uns à côté des autres, il faut qu’on fasse des choses ensemble. J’ai appelé un copain d’école et on a organisé une première réunion, puis plusieurs autres ont suivi, avant de créer l’association sous l’égide de la Fédération des vins de Nantes ». Rapidement une quarantaine de jeunes y adhère pour une cotisation symbolique de 50 € à l’année.
A la suite des achats de chaux, les jeunes vignerons ont sollicité un fournisseur de sondes et de stations météo connectées. Une réduction de l’ordre de 10 % est en cours de discussion pour équiper une dizaine de membres de l’association.
Les échanges entre les jeunes sont aussi très actifs sur le travail du sol, les engrais verts, l’enherbement. « On expérimente beaucoup de choses dans nos vignes. L’objectif, c’est d’aller plus vite en menant plusieurs essais et en partageant nos résultats ». En 2021, quatre producteurs ont testé des purins ou décoctions d’ortie, saule, osier ou prêle. « Les protocoles ont été perturbés par la forte pression maladie. A titre personnel, j’ai mis plus de cuivre que ce qui était prévu au départ. On se fera un retour complet sur ces essais avant la prochaine campagne phyto avec l’entreprise qui a fourni tous les produits », indique François Ménard.
Autre sujet, le gel qui a durement touché le vignoble nantais cette année, avec une perte de l’ordre de 50 %. « En 2019, j’avais déjà gelé et je l’ai très mal vécu parce que je me sentais un peu perdu. Cette année ça s’est mieux passé, alors que c’était plus violent, parce qu’on a beaucoup échangé dans le groupe. On s’est serré les coudes. On se sentait moins seul face au désastre ».
Côté commerce, les idées fusent. Les jeunes vignerons ont tenu stand commun cet été lors d’un marché des producteurs locaux à Nantes. Désormais, ils envisagent de faire de même sur un salon professionnel pour 2023. L’été dernier, François Ménard et un autre jeune de l’association, ont fait une palette commune pour un caviste toulousain. « On a limité les frais de port, signale le président, qui projette de travailler au sein du groupe, sur les tarifs commerciaux. Un ancien salarié viticole tout juste installé et un peu perdu pour fixer les bons prix selon les différents créneaux de vente nous a demandé de l’aider. On s’est mis autour de la table à quelques-uns. On a tout mis à plat. On est concurrent, mais surtout confrères. A la suite de cet échange, on s’est dit qu’il faudrait qu’on lance des formations sur la stratégie commerciale ».