écouverte à l’occasion d’un banquet de mariage dans la province chinoise du Shandong, la contrefaçon des vins de Bordeaux commise par le château Shunyilifei serait sans précédent pour la journaliste hongkongaise Natalie Wang (VinoJoy). Au total, les forces de police chinoises auraient saisi 13 000 caisses de vins de cette propriété inexistante pour une valeur estimée à 300 millions de yuans (soit 40 millions d’euros) d'après le site WBO. Ce qui serait la plus grande saisie de vins bordelais contrefaits reportée en Chine depuis la reconnaissance de l’indication géographique Bordeaux sur le marché chinois en 2012 souligne Natalie Wang.
Décortiquant le discours falsifié entourant le château Shunyilifei, la journaliste hongkongaise note un « réseau de déceptivité » de la marque qui s’est créé un véritable passé prestigieux pour créer un arrière-plan de respectabilité à son étiquette. Indiquant avoir été fondé en 1758 à Bordeaux (« desde 1758 » indique l’étiquette… en espagnol), le château Shunyilifei revendique, malgré son nom aux consonances asiatiques, des liens avec une famille bordelaise, le baron Shunyi descendant des Ségur, dont un représentant prend une pose de baron girondin sur les supports de communication (voir illustration). Cette histoire inventée se double d’un véritable conte : un conflit foncier avec le château Lafite Rotshchild, premier grand cru en 1855 à Pauillac, qui aurait cédé 15 hectares de vignobles à l’inexistant baron Shunyi au milieu du XVIIIème siècle. Contactée par Vitisphere, le château Lafite Rothschild confirme qu'il n'y a jamais eu de telle guerre foncière, mais indique qu'il existe des actions de défense de ses marques.
Comme le montre une rapide recherche sur le producteur de ces vins falsifiés, Shandong Shunyi Wine Company (山东舜邑葡萄酒有限公司), il apparaît que cette société chinoise n’en est pas à sa première contrefaçon, ayant utilisé par le passé la marque "Catesle", qui n’est pas sans rappeler le groupe Castel, qui a porté l’affaire en justice (et l’a gagnée).