mage d’Épinal du vignoble français, les domaines familiaux de petite à moyenne taille constituent-ils une espèce en voie de disparition ? Toujours plus contraints par la multiplication des aléas climatiques, la marche forcée des transitions environnementales, la difficulté des prospections commerciales, la surcharge administrative, la gestion du personnel et les difficultés de transmission intergénérationnelle, ces vignobles semblent cumuler les handicaps d’échelle pour répondre à ces défis (qui n’épargnent pas les plus grandes structures). De responsable technique au metteur en marché, en passant par représentant public et pilote de la logistique, les multiples métiers de l’exploitant vitivinicole tombent sur un nombre très limité de dirigeants, toujours plus épuisés.
Avec une crise sanitaire n’en finissant pas (avec son lot de trésoreries tendues, pour ne pas dire exsangues) et un millésime 2021 particulièrement éprouvant (gel, grêle, mildiou, oïdium, sécheresse…), les multiples pressions usent. Cette lassitude mène à la réflexion, et à une revue de solutions : de l’abandon (retraite anticipée, reconversion, etc.) à la coopération (rejoindre une cave pour se concentrer sur l’amont et déléguer l’aval), en passant par l’extension (accroître la propriété pour réaliser des économies d’échelle, y compris en lançant une activité de négoce), la spécialisation (réduction du domaine pour être plus indépendant et autonome, sur une niche plus valorisante), la diversification (d’autres cultures ou d’autres activités comme le solaire ou le tourisme)... Dans tous les cas de figure, les perspectives d’évolution existent. Et la période, certes trop brève, de vacances estivales que s’accordent actuellement les responsables d’exploitation est l’occasion de se pencher sur les leviers qui existent pour renforcer la pérennité d’une espèce certes menacée, mais ayant une qualité majeure : la réactivité.