J’ai expliqué [au ministre de l’Agriculture, NDLR] que le gel a touché 90 % des vignes et que nous nous attendons à une baisse de 30%, voire plus de la récolte. La perte se chiffre en plusieurs milliards d’euros », rapporte Jérôme Despey à la sortie ce 12 avril, de la réunion des filières agricoles touchées par la catastrophe de la semaine dernière avec Julien Denormandie.
« Sur le plan humain, les vignerons sont très affectés ; il y a beaucoup de détresse, poursuit le président du conseil des vins de FranceAgriMer. Il faut une réponse exceptionnelle de la part des pouvoirs publics. »
La réunion avait justement pour but, pour le ministre, de prendre connaissance des mesures demandées par les filières touchées. Jérôme Despey et Jean-Marie Barillère, président du Cniv ont porté celles de la viticulture, listées lors d’une réunion préparatoire entre l’Association générale de la production viticole (AGPV) et l’Union des maisons et marques de vin (UMVIN). Pour ces organisations, trois priorités : une année blanche de cotisation sociale pour les viticulteurs et leurs salariés, mais aussi pour les salariées des coopératives et des négociants, l’exonération de taxe sur le foncier non bâti et le report des annuités bancaires avec la prise en charge des intérêts afférents.
A cela s’ajoutent plusieurs autres demandes parmi lesquelles :
-le maintien des prêts garantis d’Etats (PGE) après le 30 juin, la date de fermeture fixée à ce jour,*
-la possibilité pour ceux qui ont remboursé leur PGE d’en souscrire un nouveau,
-le prolongement, jusqu’à la fin de l’année, de l’aide au stockage alors qu’elle doit normalement s’arrêter fin juin,
-l’annulation sans frais des dossiers d’aide à l’investissement déposés chez FranceAgriMer.
« Nous demandons aussi un renforcement des contrôles aux frontières pour prévenir la francisation de vins. Avec les pertes de récolte que nous venons de subir, des petits malins vont essayer de trouver des opportunités », ajoute Jérôme Despey.
« J'ai ajouté que ce n'est pas le moment d'en rajouter une couche sur les contraintes vis-à-vis de la transition environnementale pour aller plus vite que ce que demande l'Europe », indique Jean-Marie Barillère soulignant « que tout le monde a salué la réactivité du gouvernement face à cet événement destructeur ».
Pour cette première réunion, le ministre n’a fait que prendre note des demandes des uns et des autres, sans se prononcer à leur sujet. Une nouvelle réunion est prévue en début de semaine prochaine pour, peut-être, les premières annonces. Pour les viticulteurs, elles risquent fort d’arriver en dernier. Les autres producteurs sont en effet jugés prioritaires, comme ils enregistreront avant eux l’impact du gel sur leur chiffre d’affaires.