e vin est une boisson hydroalcoolique, plaisantent certains. Un petit trait d’humour bienvenu en cette période décidément troublée par le coronavirus. Reste que le vin est par nature un produit qui ne se passe pas de l’interaction humaine, de physique, de convivialité, d’échange. Il est bien mal adapté à cette période de combat contre un ennemi invisible qui invite au repli sur soi, à ériger des frontières entre les individus. Cette crise va modifier en profondeur nos rapports. C’est certain. L’allocution présidentielle montre, à ce titre, un changement de braquet. Emmanuel Macron a ainsi évoqué dans son discours du 12 mars, l'alimentation. Le président a estimé qu’elle se classait dans les «biens et les services qui doivent être placés en dehors des lois du marché». «Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d'autres est une folie », a indiqué le chef de l'Etat. Quelle conséquence cela aura-t-il pour le vin français ? Son classement en tant que « patrimoine culturel, gastronomique et paysager de la France » en 2014 sera-t-il un argument pour le considérer en dehors des lois du marché ? Est-il fait pour cette logique économique ? Les débats, s’ils ont lieu, risquent d’être nourris.