lors que les données provisoires publiées par Infovi (Système espagnol d’information du marché pour le secteur vitivinicole) font état d’une production totale de vins et de moûts en 2019 de 37,2 millions d’hectolitres, soit 26% de moins que la campagne précédente et 14% de moins que la moyenne des quatre campagnes précédentes, les producteurs de la région de Castille-La Manche ne comprennent pas pourquoi les prix ne remontent pas et fustigent les gros opérateurs. « Alors que les grandes industries agro-alimentaires augmentent leurs profits, le secteur primaire s’enfonce de plus en plus en raison de pratiques de concurrence déloyale », a affirmé le président de l’Asaja Castille-La Manche, Fernando Villena. « Le secteur de la production a fait un grand effort de modernisation et, en échange, les industriels ont un comportement de déloyauté absolue ». L’organisme pointe une baisse de 30% de la production de vins et moûts l’an dernier dans la région ainsi qu’une régression du niveau des stocks. Pour la seule Castille-La Manche, les stocks auraient baissé de 6,9% en novembre dernier, soit un recul de 1,9 million d’hectolitres. Au 30 novembre, les stocks au niveau national étaient estimés à 62,67 Mhl par Infovi.
Du côté des négociants, la situation n’est pas non plus forcément réjouissante. Certains d’entre eux ont acheté des raisins à un niveau de prix qui rend la rentabilité des vins aujourd’hui incertaine. « Le marché du vin en vrac en Espagne fonctionne au ralenti depuis le début de l’année, les acheteurs internationaux (européens et ceux des pays tiers) étant dans l’attentisme dans un contexte de baisse des prix », note le courtier international Ciatti. Si l’Espagne est toujours en mesure de proposer aux acheteurs européens des vins génériques à des prix extrêmement compétitifs, la concurrence exercée par le Chili, mais surtout par l’Argentine, rend la situation plus compliquée en dehors de l’Europe.
Ajoutons à cela, les freins importants imposés par la surtaxe américaine mais aussi la contraction du marché chinois. Un sondage réalisé récemment par la Fédération espagnole du vin auprès de ses membres a révélé que 90% d’entre eux pensent être sérieusement touchés par la surtaxe aux Etats-Unis. Si celle-ci devait être maintenue jusqu’en avril 2020, les entreprises interrogées affirment que la perte au niveau de leur chiffre d’affaires pourrait se situer entre 35 et 50%. Si la majorité des entreprises concernées ont été contraintes de revoir à la hausse leurs prix de détail, dans des proportions allant de 15 à 25%, environ un tiers a choisi d’absorber l’augmentation, soit directement, soit indirectement par l’intermédiaire de leur importateur/distributeur. Cela, sachant que les entreprises espagnoles pratiquent déjà des prix plutôt faibles. Pour le président de l’Asaja Castille-La Manche, la seule solution pour surmonter l’instabilité des prix qui caractérise le marché espagnol serait de « mettre en place des sanctions économiques exemplaires et de poursuivre les entreprises qui abusent de leur position dominante dans les opérations commerciales ».