n théorie, la loi Alimentation (dite EGAlim) a brisé les mécaniques traditionnelles de la promotion des produits agricoles en général, et des vins de Champagne en particulier. Depuis son entrée en vigueur en janvier 2019, « les enseignes ne peuvent pas dépasser 34 % de générosité sur un produit et ne peuvent afficher un poids de leurs ventes en promotion supérieur à 25 % de leurs volumes. Alors que 50 % des champagnes étaient précédemment vendus en promotion dans les grandes surfaces, on subit une régression sans précédent » regrettait encore récemment un responsable d’achat vins et champagnes d’un groupe de grande distribution. Mais dans la pratique, les premiers contournements sont apparus cette rentrée.


Dans le cadre de son opération “Le Mois”, le groupe Carrefour enchaîne ainsi les promotions coups de poing. Comme le rapporte Rayons Boissons, la centrale a offert du 17 au 23 septembre une bouteille de champagne Vranken brut pour tout achat d’une bouteille de Vranken premier cru à 31,90 euros l’unité. La première étant vendue 19,90 €, « la réduction totale s’élevait à près de 39 %, plus que la limite de 34 % autorisée » souligne la revue, précisant qu’avec ce panachage, il s’agit de la « troisième exemption listée par la DGCCRF stipulant que lorsque la promotion concerne deux produits qui ne sont pas identiques, ce n’est pas une réduction de prix mais une prime ».
Faisant également appel au cagnottage sur la carte de fidélité, Carrefour a pu afficher deux caisses de six bouteille de champagne Charles Lafitte brut vendues 180 € pour un remise de 108 € sur le compte de fidélité de ses clients, soit une bouteille à 6 € pour rapporte le site d’Olivier Dauvers. « L’audace de Carrefour laisse autant pantois qu’elle interpelle » note l’expert de la grande distribution dans un édito au vitriol. Qui estime que « Carrefour a largement contourné le volet anti-promo de la loi EGA. Jamais une enseigne n’avait aussi ouvertement bafoué l’esprit d’une loi. L’esprit et non la lettre, naturellement. » Cette entaille dans le principe de la loi Alimentation devrait en appeler d’autres estime Oliver Dauvers. Les ventes de fin d’année devraient afficher de nouveaux prix cassés pour les vins et champagnes.