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La question à se poser avant d’opter pour un robot viticole
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La technophilie ne suffit pas
La question à se poser avant d’opter pour un robot viticole

Avec la commercialisation annoncée des robots dans les vignes, une nouvelle révolution technique est en marche pour les experts plus optimistes. De plus en plus autonomes, ces véritables assistants du quotidien demandent cependant une bonne réflexion en amont pour être correctement intégrés.
Par Alexandre Abellan Le 18 décembre 2018
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La question à se poser avant d’opter pour un robot viticole
«

 Ai-je bien le temps, et l’envie, d’adapter mon exploitation et mes pratiques pour intégrer une assistance robotisée ? » Telle sera la question clé pour qu’un domaine réussisse l’adoption d’un robot viticole. Qu’ils développent ou préparent le lancement commercial de leurs robots vignerons, les innovateurs et promoteurs réunis au Forum International de la Robotique Agricole, ces 11 et 12 décembre au parc des congrès Diagora (Toulouse), partageaient non seulement leurs dernières nouveautés, mais aussi leur ressenti d’un marché encore émergent, qui demande d’être structuré pour ne pas décevoir les attentes.

Risques de rejet

Suscitant bien des fantasmes, les robots viticoles promettent aussi bien de résoudre la pénurie de main-d’œuvre que de décharger les exploitants de travaux à faible valeur ajoutée. Que le robot fasse le sale boulot en somme. « Les robots amoindrissent la pénibilité du travail et l’exposition aux risques, notamment les produits dangereux, mais ils créent aussi de nouveaux risques » prévient Coralie Hayer, conseillère à la Mutualité Sociale Agricole de Provence. S’appuyant sur une étude réalisée dans la filière bovine, où les robots de traite sont historiquement diffusés*, l’experte souligne que si les Troubles Musculo Squelettiques et autres problèmes articulaires se résorbent bien avec l’investissement dans un robot, il existe des risques d’abandon et de rejet de la robotisation.

« Certains agriculteurs n’arrivent pas à utiliser correctement le robot. Ils ont des problèmes d’alertes incessantes et le robot s’est révélé être une charge mentale supplémentaire : ils ne déconnectaient plus » explique Coralie Hayer, ajoutant qu’« il y a de vrais besoins pour une bonne intégration dans l’organisation du travail. Il faut changer des habitudes. » Ce qui passe aussi par une attention auprès des salariés : « un stress apparaît avec ces nouvelles technologies sur l’avenir des tâches manuelles : il faut rassurer sur l’avenir et accompagner les employés » prévient l’experte.

Penser "robot"

Le paradoxe ne doit pas rebuter : si un robot est acheté pour augmenter la productivité d’un domaine, il demande d’abord beaucoup de temps pour être correctement intégré. À l’arrivée de ces machines complexes, il faut libérer du temps pour réussir leur implantation. « Il faut changer les habitudes pour penser "robot" » explique Mathilde Ceaux, référente robotique pour le constructeur Naïo Technologies.

De son expérience dans le maraîchage, l’un des freins principaux est l’adaptation d’un environnement ouvert et changeant à un nouveau cahier des charges, afin de garantir l’accessibilité et les déplacements d’un robot. Des sols détrempés après des intempéries ou mal préparés peuvent empêcher l’automate de circuler, voire le conduire à s’embourber ou se renverser. Un autre problème concerne l’interface entre la machine et l’humain : « il faut bien comprendre les limites d’utilisation » martèle Mathilde Ceaux. Qui rapporte « de nombreuses erreurs la première année, du fait du manque de connaissance et d’expérience. Il ne suffit pas de livrer la machine et le guide d’utilisateur : il faut de l’accompagnement, c’est le plus important. »

Réussite sous condition

Pour réussir son investissement dans la robotique, le vigneron doit aussi être capable de se remettre en cause et d’apprendre. L’intégration complète du robot dans l’exploitation nécessitant l’implication forte de tous les techniciens de l’exploitation. « La facilité de déploiement est un enjeu » confirme Aurélien Demaurex, le président de la société suisse Ecorobotix, qui prédit une diffusion sous dix ans des robots dans toutes les parcelles agricoles à condition d’une bonne acceptation de la technologie, de la preuve des bénéfices et d’un impact écologique positif.

En matière de retour sur investissement, « le robot doit permettre à l’agriculteur de se défaire des tâches à faible valeur ajoutée, comme être vissé sur le fauteuil d’un tracteur » résume Aurélien G. Demaurex. Mais les robots viticoles ne sont pas que pour remplacer les tractoristes. Certains sont aussi conçus pour multiplier les mesures de données d’intérêt sur le terrain. « Le coût élevé de la main-d’œuvre et la pénibilité des mesures rendent intéressants une solution robotisée » explique le docteur Francisco Rovira-Más de l’université de la Rioja, le porteur du projet européen VineScout. Présentant un quatrième prototype bardé de capteurs et détecteurs (GPS, proche infrarouge, multispectral, ultrasons…), le chercheur souligne l’intérêt de multiplier les points de mesures pour zoner des parcelles en suivant leurs niveaux de stress hydrique. Un robot pouvant cartographier 30 hectares en une semaine, il ne reste plus au responsable technique de récupérer les données sur une clé USB pour les traiter.

Coupler IA et expertise

« La valeur ajoutée, c’est de coupler l’intelligence artificielle à l’expertise agronomique » confirme Colin Chaballier, le directeur de Carbon Bee, qui développe des solutions de capteurs. Se pose toujours la question du temps de configuration et de réflexion en amont de ces assistants de demain : robotiser demande l’art autant que la manière.

 

* : D’après les dernières données compilées en France, 1 100 robots seraient utilisés en agriculture. Essentiellement pour la traite rapporte Mathilde Ceaux, avec moins de 200 robots utilisés dans le secteur du végétal.

Une autre question incontournable… Faut-il assurer son robot vigneron ?

Alors que l’offre robotique est en plein développement pour le secteur viticole, la réglementation est encore balbutiante. « À ce jour, il n’y a pas de cadre clair. Que ce soit français ou européen » pose François Morales, chargé d’études chez Groupama. Confirmant que le marché agricole de la robotique reste balbutiant, avec 200 contrats en portefeuille à l’échelle de la France, l’assureur a déjà traité 5 sinistres lui permettant de se poser la question centrale : celle des responsabilités. « En cas de sinistre sur la voie routière ou même entre robots, qui est le responsable ? L’utilisateur, le propriétaire ou le constructeur ? » demande par exemple François Morales.

Si un rapport du Parlement européen proposait en 2017 des recommandations sur les règles de droit civil de la robotique*, il n’y a pour l’instant aucun cadre juridique précis. L’assureur conseille a minima d’opter pour une assurance couvrant la responsabilité civile, en se basant sur l’article L211-1 du Code des assurances et la circulaire n°86/2000 de la Fédération Française de l’Assurance (FFSA). « Même sur un terrain privé et fermé, il y a une obligation d’assurer un engin motorisé » rappelle François Morales. Que ce soit pour garantir la responsabilité civile d’un accident corporel ou un dommage au robot (vols, incendies, dommages électroniques…).

 

* : Avec des pistes évoquées sur un régime d’assurance obligatoire, la création d’un fonds de garantie des sinistres, une obligation d’immatriculation… Voire l’attribution d’une personnalité juridique pour les robots très sophistiqués.

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