En trois jours, nous aurons eu 30 rendez-vous. Peu, mais tous très qualitatifs. On a le temps de discuter. La fréquentation est idéale pour voir nos clients de toute la Chine, notamment les petits et les prospects. Ici, on voit surtout des importateurs, moins les petits distributeurs”, lance Benjamin Birot, commercial chez LGI Wines, négociant audois, au soir du deuxième jour de Prowine China à Shanghai qui s'est tenue du 13 au 15 novembre. L'enthousiasme, même s’il est vécu différemment par les exposants français interviewés, est réel. Ils sont unanimes : l’organisation est très pro. Comme à Prowein Dusseldorf.
Mais la version chinoise ne ressemble en rien à l’édition allemande, entre autres par sa taille (750 exposants en Chine contre plus de 6000 en Allemagne) et par le nombre de visiteurs (18 936, selon l'organisation). Les 80 exposants français sont réunis dans 1 des 2 halls du salon. “Certains viennent sous la bannière “Made In France, Made in Love” associés avec leur région comme Sud De France Occitanie, d’autres avec leur syndicat, comme les Côtes de Bourg. Il y a aussi des négociants, des caves coopératives, des petits et grands producteurs qui viennent avec nous ou seuls”, décrit Sandrine Krummenacher, la responsable du pôle pavillon France, grand export vin et spiritueux de Business France. Elle précise : “Plus de ⅓ du pavillon est Bordeaux et Nouvelle-Aquitaine. C’est logique puisque c’est la plus grande exportatrice sur le marché chinois”.
Selon les chiffres officiels, la fréquentation a augmenté de 33,2% par rapport à ProWine China 2017, avec une plus forte présence d’acteurs de ville telle Pékin et de provinces ou territoires comme Guangdong, Xinjiang, Hainan et Shandong, Liaoning et Fujian. Les acheteurs de ces provinces avec des villes de deuxièmes et troisièmes rangs, intéressent particulièrement certains exposants, comme ceux réunis sous la bannière Sud de France Occitanie. “Grâce à la force collective déployée sur le marché chinois depuis 2007, avant le boom, la région Occitanie est la deuxième exportatrice ici, après Bordeaux”, rappelle Catherine Machabert, la responsable du marché vin Asie de l’Agence régionale de développement économique de la région Occitanie. Depuis plus de 11 ans, une équipe chinoise dédiée suit de près les distributeurs et les tendances. Elle a su créer un maillage du territoire, indispensable dans ce pays, avec un réseau d'importateurs qu'elle suit depuis des années. A présent, les acheteurs ont confiance dans les produits. Les premières exportations correspondaient à un marché de masse avec des prix bas. Aujourd’hui, le marché est en train de se valoriser. L’équipe poursuit sa stratégie de conquête vers ces villes secondaires, et va s’orienter vers les villes du troisième tiers. Qualifiées de “petites”, elles comptent entre 3 et 5 millions d’habitants !
La baisse en valeur et en volume et des exportations de vins français sur les 8 derniers mois de 2018, n’inquiète pas outre mesure les opérateurs français. Pour Catherine Machabert : “le marché ne freine pas. Ce sont les chiffres à un instant T. Les progressions étaient tellement fortes qu’elles ne pouvaient poursuivre cette envolée”. Et de souligner : “de toute façon, il n’y a pas d’autres marchés qui offrent autant de potentiels et d’opportunités”. Et elle n’est pas seule à le penser. Les autres exposants français restent optimistes. Le président des Côtes de Bourg, Stéphane Donze lance : “ce pays est notre premier marché export. Sur nos 15% de volumes exportés, 60% partent en Chine. Il compense la baisse sur les Etats-Unis et la Belgique par exemple”. L’appellation qui réunit 400 opérateurs sur 3 800 hectares est selon Stéphane Donze, “la première AOC à être venue collectivement en Chine, il y a 7 ans. On a démarré avec des opérateurs qui n’avaient jamais mis les pieds à l’étranger. Aujourd’hui, c’est le seul marché qui permet à nos néo-vignerons de travailler sur des marchés conséquents en exportant un demi-container.” En valeur, l’appellation se positionne à présent sur une montée en gamme et veut vendre à la classe moyenne grandissante des vins entre 3 et 15 €. Sous la bannière Bordeaux, avec la connaissance du marché et le dynamisme du président de l’appellation des Côtes de Bourg et de ses vigneron(ne)s, dans ce petit monde du vin sur cet immense territoire chinois.