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"L'offre est particulièrement prometteuse cette année"
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Thierry Coste, Copa/Cogeca
"L'offre est particulièrement prometteuse cette année"

Lors d’une conférence de presse ce 8 novembre à Bruxelles, le Copa-Cogeca a confirmé le retour à la normale de la récolte européenne autour de 170 millions d’hectolitres, après avoir enregistré une baisse historique en 2017. Nous avons demandé à Thierry Coste, président du groupe vin, de partager ses opinions sur le déroulement de la campagne en cours, et les grandes questions qui se posent actuellement sur l’avenir de la filière.
Par Sharon Nagel Le 08 novembre 2018
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Q
uel bilan tirez-vous de la récolte 2018 au sein de l’Union européenne ?

On se rapproche des chiffres des années 2016 et 2015, donc il ne s’agit pas d’une récolte très excédentaire. Bien sûr, nous sommes en progression, mais 2017 était la plus petite récolte depuis 1945. Cette année, nous aurons donc une belle récolte en termes de volumes, mais surtout au niveau de la qualité. Le mois de septembre a été exceptionnel sur toute l’Europe. Nous pourrons donc dire que l’offre est particulièrement prometteuse cette année, avec un très, très beau potentiel.

 

Etant donné l’importance de la production cette année, comment envisagez-vous le déroulement de la campagne ?

La progression devrait être de l’ordre de 19 à 20% cette année. Pour une campagne, l’indicateur le plus important n’est pas forcément la récolte mais plutôt les disponibilités. Or, cette année, nous avons des stocks particulièrement bas, non seulement à cause de la faible production l’an dernier, mais aussi grâce à une bonne dynamique des sorties. En termes de disponibilités, avec une hausse de 2,7%, nous sommes quasiment au même niveau que l’année dernière à la même période. Notons, qu’en France, nous avons observé déjà beaucoup de sorties de vins de la récolte 2018, notamment sur les rosés où, dès le début du mois d’octobre, nous avons constaté des volumes importants qui sortaient des caves déjà conditionnés pour alimenter une demande forte pour ce type de produit. Il y a peut-être un phénomène conjoncturel, eu égard à la météo, mais cette tendance est en train de s’inscrire dans un modèle durable. Cette année, tous les éléments théoriques sont réunis pour qu’il y ait globalement des flux actifs à des prix stables.  

 

L’OIV vient de révéler que la production mondiale atteint un niveau record cette année. Est-ce que cela va influer sur le marché pour les producteurs européens ?

Non, parce que les chiffres de l’OIV sont basés sur des estimations qui datent du mois de juillet et que ces estimations seront revues avec les récoltes. On part de très bas. Il fallait absolument avoir une récolte 2018 de ce niveau-là pour rééquilibrer les volumes. Si on avait connu, de nouveau, une petite récolte, on courait le risque de perte de parts de marché. On peut gérer une année de faibles volumes, mais deux années ne passent pas. 2018 va nous permettre de répondre à la demande sur l’ensemble des catégories, avec de beaux produits qualitatifs. J’ai rarement été aussi serein que cette année en approche de la récolte et des marchés.  

 

Le prix des vins espagnols risque de baisser sensiblement cette année et devenir très compétitif. Allons-nous assister de nouveau à des importations massives en France à votre avis ?

Nous avons mis en place un outil qui va nous aider dans ce domaine, qui est le comité mixte franco-espagnol. Celui-ci relie non seulement les filières dans les deux pays – production et négoce – mais aussi les ministères. Nous devons justement voir nos homologues espagnols le 4 décembre prochain à Bordeaux pour évoquer le pilotage du marché. Il est vrai que l’an dernier les vins espagnols ont connu une hausse de prix importante, en raison de la petite récolte, et il y aura donc quelques réajustements, mais nous verrons bien comment cela se passe. Aujourd’hui il n’y a pas le feu au lac. Notons que les importations de vins espagnols n’ont pas forcément été liées aux prix mais surtout au peu de disponibilités en vins français sur une période. Cette année, nous avons des disponibilités et de plus en plus d’acheteurs ont des contrats de partenariat avec les caves sur des volumes importants, ce qui permet de stabiliser fortement le marché. Ce qui est important, c’est d’éviter toute volatilité et en l’occurrence, nous partons avec de la stabilité. Les prix ne sont pas particulièrement élevés mais plutôt corrects. L’indice majeur, ce sont les très fortes sorties et le besoin de livrer que nous voyons en ce moment. Il y a des clients qui sont prêts à payer même des prix en hausse sur les premières sorties, notamment de rosés, puisque cela demande un certain niveau de manipulation et de complications pour pouvoir commercialiser des vins conditionnés aussi tôt. Mon expérience en la matière m’amène à dire que cette année ne sera pas la plus difficile sur le marché et globalement les prix devraient se tenir.  

 

Thierry Coste, président du groupe vin au sein du Copa-Cogeca (crédit photo: Alexandre Abellan, Vitisphere)

Néanmoins, faut-il renforcer les contrôles des vins importés en intra-communautaire pour éviter qu’il y ait tromperie ?

Je ne suis pas adepte de ce type d’action, je crois plus au comité que nous avons mis en place avec nos homologues espagnols. Il y a une lettre commune entre les ministères français et espagnol pour communiquer tous les éléments de récolte, de disponibilités et d’autres informations. Je suis persuadé que, plus nous allons alimenter le marché en éléments rationnels, plus cela va éviter à certaines caves, notamment celles qui sont un peu isolées, de paniquer et de vendre à la baisse. Mais, croyez-moi, 2018 sera un bon millésime pour les vignerons français et j’aimerais qu’il y en ait d’autres comme celui-là par la suite !

 

Cette campagne sera, normalement, celle du Brexit. Etes-vous inquiet pour les échanges de vins avec le Royaume-Uni ?

Je ne suis pas inquiet, parce que de toute manière, nous ne pouvons rien y faire. Bien entendu, nous souhaitons qu’il y ait un accord, avec une période de transition qui permette au Royaume-Uni de trouver des ponts pour qu’on continue à vivre ensemble. Je ne suis absolument pas convaincu que, parce qu’ils sont partis de l’Union européenne, les consommateurs britanniques se mettent à boire uniquement des vins australiens ou sud-africains. Je pense que les consommateurs qui boivent des vins français, espagnols ou autres européens vont continuer à le faire. Nous allons voir comment cela se passe mais je suis assez serein et optimiste. Pour avoir rencontré plusieurs fois Michel Barnier, je sais que c’est un homme particulièrement brillant et qu’il saura porter nos intérêts pour trouver une issue dans les négociations du Brexit.

 

Plus globalement, vous avez fait de la spécificité viticole l’une des priorités de votre mandat. Quel est votre avis sur le souhait  de la Commission européenne de permettre aux AOP d’utiliser les cépages hybrides résistants ?

Il y a une pression sociétale très importante concernant l’utilisation de produits phyto-pharmaceutiques. Nous sommes donc obligés d’avoir une réflexion sur l’avenir et de voir quelles sont les solutions alternatives par rapport à cette pression et, par rapport aussi à une volonté de notre part de faire différemment. Au sein de notre groupe vin, nous avons un débat par rapport à cette proposition de la Commission. Ce débat n’est pas encore tranché donc je ne peux en dire plus mais il est certain que l’ensemble de nos membres est très préoccupé par l’avenir.

 

Quid aussi de la proposition de la Commission d’autoriser les vins désalcoolisés à utiliser le mot vin ?

Ce 6 novembre, justement, nous avons eu un débat particulièrement passionné et long au sein du groupe vin avec des gens venus de toute l’Europe. Il est important que chacun puisse s’exprimer. Là aussi, les avis sont partagés. Néanmoins, ces avis sont beaucoup moins nuancés sur les vins totalement désalcoolisés où il semblerait qu’il n’y ait pas grand monde qui souhaite qu’ils puissent s’appeler vin. Pour les vins partiellement désalcoolisés, il y a un débat qui mérite qu’on s’y attarde plus particulièrement et de manière précise parce qu’il peut y avoir des impacts importants sur notre fonctionnement. Mais on attend d’avoir l’avis de notre groupe de travail.

 

De même, selon vous, le transfert des aides de l’OCM dans les plans stratégiques, pourrait-il mettre à mal aussi la spécificité viticole et conduire à une diminution des aides en faveur d’autres secteurs agricoles ?

Aujourd’hui, il y a lieu de faire un constat particulièrement positif sur les performances de la filière vitivinicole européenne. Il me semble que la Commission européenne est favorable à continuer à soutenir notre filière. Il est certain qu’il y aura des coupes dans le budget, à cause du Brexit et pour d’autres raisons, liées à des priorités qui ont été mises en place par nos politiques et notamment par notre Président de la République en France. Nous n’avons aucune possibilité de réaction par rapport aux partages budgétaires et donc nous allons faire en sorte que ce budget soit cohérent avec ce que nous souhaitons faire. En même temps, je suis confiant dans la Commission. Je pense que le schéma qui va ressortir, au niveau de la viticulture, continuera dans une certaine dynamique. Je ne vois pas pourquoi ni comment la Commission aurait intérêt à faire en sorte de casser cette dynamique. Aujourd’hui notre filière est l’une des plus performantes du monde agricole. La Commission a plutôt intérêt à soutenir la viticulture que l’inverse. Je suis plutôt positif.

 

Le député Eric Andrieu a remis récemment son rapport sur l’OCM. Quel regard portez-vous sur ses différentes propositions, dont le régime des autorisations de plantation ?

Le régime des autorisations de plantations est le dernier système de gestion du potentiel de production aujourd’hui au niveau de l’agriculture européenne. Ce dispositif a été long et difficile à mettre en place. Il n’est pas parfait, bien entendu. Il faut l’améliorer petit à petit en fonction de ce qui est vécu sur le terrain, tout en sachant raison garder. Mais c’est un dispositif à protéger. Toute initiative qui ira dans le sens de la protection aura mon aval, sachant qu’il y aura une révision autour de 2023-2024 et que nous devrons faire la démonstration du fait que ce système est porteur. Il me semble que la récolte de cette année et le constat que nous puissions en faire montrent qu’il y a un bon niveau de performance au sein de la filière et que ce dispositif d’autorisations de plantation est particulièrement adapté à notre fonctionnement, même si quelques réglages peuvent y être apportés par ci et par là.  

 

Et sur l’étiquetage des vins ? La visite du commissaire à la Santé dans le Languedoc a-t-elle permis à ces propositions de faire leur chemin à Bruxelles ?

Nous avons voulu aller dans le sens de la Commission. Nous sommes très attachés à nos consommateurs qui sont nos clients, et notamment à leur information. L’ensemble de la filière et de nos institutions a proposé à la Commission de réfléchir sur ce dossier. Dans la proposition d’Eric Andrieu, nous reprenons l’indication des calories, que nous souhaitons afficher le plus tôt possible pour démontrer que nous allons justement dans le sens du consommateur. Au niveau des ingrédients, nous souhaitons, bien entendu, qu’il y ait une communication dématérialisée, non pas parce que nous ne voulons pas qu’ils figurent sur l’étiquette, mais parce qu’au niveau logistique, une indication sur l’étiquette est trop compliquée à mettre en œuvre pour nos exploitations et nos entreprises. Nous avons fait la démonstration au commissaire Andriukaitis quand il est venu à Carcassonne, chez Foncalieu, que ce n’était pas possible, et je pense qu’il l’a très bien compris. Nous aurons une communication sur les ingrédients quand nous serons prêts à mettre en place le système dématérialisé et décidés sur la manière dont nous devons communiquer sur cette liste des ingrédients.

 

Y a-t-il une vraie volonté européenne parmi les producteurs de trouver une solution harmonisée ?

Tout à fait. Bien souvent au sein de la filière, il y a une volonté de poursuivre l’harmonisation pour qu’il y ait une cohérence entre les différents produits de chaque Etat membre, et que le consommateur puisse retrouver les mêmes éléments en matière d’information et de qualité par exemple. La filière l’a déjà vécu et en est convaincue : plus nous sommes cohérents et soudés, et plus nous sommes performants. Nous représentons deux millions et demi d’exploitations donc il peut y avoir des différences d’opinion mais il faut faire avec, et globalement tout le monde va dans le même sens.

 

Tags : COPA-COGECA
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