emandant encore à être étayé, c’est un soulagement qui semble désormais acquis : la Commission Européenne serait prête à valider la réhomologation communautaire du cuivre. Espéré par tout le vignoble, le sauvetage de la matière active emblématique de l’agriculture biologique se ferait cependant au prix d’une dose maximale réduite. Et d’une suppression du principe de lissage des quantités annuelles par une moyenne quinquennale.
Pour comprendre la crainte des vignerons bio de voir la limite d’utilisation du cuivre passer à 4 kg par hectare et par an en janvier 2019, il suffit de constater la pression inédite du mildiou ce millésime 2018. Avec un printemps pluvieux, il a fallu cravacher dans de nombreuses régions pour maintenir la protection du feuillage et des grappes. Et malgré les fortes cadences, des décrochages ont amputé les rendements (en bio comme en conventionnel d’ailleurs).
En 2019, faire du bio à 4 kg/ha.an sans lissage représenterait un défi dans de nombreuses régions. Si cette dose était validée, il ne resterait plus aux vignerons bio que trois options. Soit de parier sur la chance d’un millésime climatiquement clément, afin de rester dans les clous. Soit d'envisager la possibilité d’une déconversion, en cas de coup dur nécessitant le recours à des produits conventionnels pour sauver la récolte, et l’exploitation. Soit de tenter la fraude, en traitant au-delà du plafond réglementaire mais en ne l'affichant pas. Que ce soit en trafiquant la comptabilité matière, en se fournissant sous le manteau... Cette dernière hypothèse fera bondir certains gardiens du temple bio, mais même les tenants de cette philosophie ne peuvent ignorer cette tentation.
Quoi qu’il en soit, aucune de ces alternatives ne permet un développement durable de la bio, pourtant appelé par les gouvernants. Si l’impact environnemental du cuivre ne doit pas être sous-estimé, le manque d’alternative créé une impasse alarmante. Cette inquiétude naissante pour le prochain millésime demande à être étayée. Et on l’espère, levée.