onne nouvelle, la santé financière s’est améliorée ces dernières années. Cette santé retrouvée s’appuie sur la mutation économique qui s’est opérée à partir de 2010. Pendant cinq ans, les cours du vrac sont remontés sur tous les segments de marché : AOP, IGP et sans IG. Cette revalorisation des cours a permis aux exploitations et aux caves coopératives d’investir, en faisant des investissements de rattrapages d’abord (la crise de la première décennie du 21ème siècle les avait freinés), puis des investissements pour améliorer la productivité et la qualité.
Concrètement, il s’agit de la restructuration du vignoble, de l’investissement dans les chais, le conditionnement, l’export, etc... Cette mutation s’est accompagnée de la structuration des outils de production avec la fusion de caves coopératives ainsi qu’un accroissement de la notoriété des vins. « Mis bout à bout, tous ces éléments ont permis d’améliorer la situation financière globale de la viticulture languedocienne » observe Patrice Roch, le responsable du marché de l’agriculture et des coopératives du Crédit Agricole du Languedoc.


Mais l’avenir n’est pas pour autant sans inquiétudes et tout reste à consolider. « Il faut mettre plusieurs bémols à la situation que nous vivons actuellement » insiste Patrice Roch. Sur le plan de la production, 2018 pourrait être la troisième petite récolte consécutive pour certains vignerons. « Nous avons des mesures d’accompagnement pour les situations économiques difficiles, désormais pérennes tant il y a toujours des situations qu’il faut accompagner. Pour celui qui en sera à sa 3ème année de petite récolte, le risque de découragement est là. Le moral est bas même si la santé financière et nos mesures semblent pouvoir permettre d’absorber une année difficile ! »
Autre talon d’Achille de la région, structurel cette fois : le renouvellement des générations. La pyramide des âges des viticulteurs est vieillissante, il y a peu de vocations pour s’installer, le foncier viticole continue de baisser structurellement depuis de nombreuses année. C’est paradoxal car cela fait sept ans que les cours sont en augmentation et que ceux qui exploitent vivent mieux de leur métier. Quand cela va-t-il s’arrêter ? » s’interroge Patrice Roch.
Enfin, la fragilité régionale vient aussi de sa place sur les marchés. D’une part, les cours ne sont pas à l’abris de la concurrence internationale. « Personne ne sait anticiper comment évoluera le marché d’un millésime à l’autre » note Patrice Roch. Par ailleurs, la structuration de l’offre reste complexe : 51 AOP sont produites en Occitanie. « Pour un consommateur allemand ou chinois, c’est d’une trop grande complexité. Chaque AOP ou IGP doit trouver sa place sur le marché international avec son nom et ses moyens ! » constate Patrice Roch qui voit cependant évoluer les choses dans le bon sens. Mais peut-être pas assez vite pour être dans la pulsation de l’économie mondiale.