a politique agricole française ressemble à une omelette norvégienne ayant un peu trop traîné sur la table de baptême. Le gâteau était alléchant, beau, prometteur mais au final, il dégouline dans la tiédeur. Les invités n’en veulent pas. D’un côté, les Français ne comprennent pas certaines décisions, notamment sur le glyphosate. Après un effet d’annonce tonitruant à l’automne, la décision de ne pas inscrire d’interdiction ferme dans la loi passe pour de la lâcheté. Définitivement, du point de vue de l’opinion publique, la loi EGA a perdu toute ambition environnementale.
De l'autre côté, les agriculteurs lèvent leurs boucliers. Pas moins de 13 raffineries vont être bloquées à partir du 10 juin. Les thèmes des revendications ne sont pas nouveaux et montrent combien l’écoute n’a pas été suffisante pour assurer la compétitivité de l’agriculture et de la viticulture françaises. Sur la table des revendications, on retrouve, par exemple, les importations distorsives, comme l’entrée des produits alimentaires traités avec des phytosanitaires interdits sur notre territoire ou les importations de vins espagnols. Ce dernier sujet illustre d’ailleurs particulièrement bien, les décisions molles qui sont prises. Un amendement (voté par les députés contre l’avis du gouvernement) vise à rendre obligatoire une inscription claire de l’origine sur l’étiquette. De la poudre aux yeux évidemment : ce n’est pas parce que l’origine sera claire que les consommateurs se détourneront d’un bib à prix compétitif. Le millésime 2018 le démontrera probablement : déjà, malheureusement, des baisses de récolte sont à prévoir du fait de la pression du mildiou.
Au final donc, le clivage entre l’opinion publique et les producteurs s’est un peu plus creusé, et le projet apparaît loin d’une créativité start-uppeuse qui aurait pu faire rebondir l’agriculture. Et la renforcer.