« Au cours des deux ou trois premiers mois de l’année, les retiraisons ont été plutôt lentes et le marché du vrac calme », note Luigino Lazzaretto. Une situation qui ne rassure pas les opérateurs et les metteurs en bouteille, même si le courtier, lui, n’y voit pas de raison de s’inquiéter. « A mon sens, la situation actuelle est liée à deux facteurs : tout d’abord, les prix ont augmenté de manière significative. Bon nombre d’acheteurs et de chaînes de supermarchés ont accéléré les retiraisons en décembre, avant que les nouveaux tarifs ne soient appliqués, leur permettant de reconstituer leurs stocks aux anciens prix. Puis, en début d’année, le beau temps n’étaient pas au rendez-vous, ce qui a eu pour effet de ralentir la consommation, notamment en Italie ». La récolte peu abondante en 2017 (39,3 Mhl selon l’OIV, soit -23%) doublée d’un bon niveau de commercialisation jusqu’en décembre, expliquent les faibles disponibilités actuelles. En l’absence de statistiques officielles sur les vins restant à la vente, le cabinet Intermediazioni Lazzaretto estime grossièrement les stocks disponibles entre 25 et 30 millions d’hectolitres, tout en reconnaissant qu’il est « difficile de les quantifier ».
Les vins bios et vegan ont le vent en poupe
En revanche, le courtier italien note avec certitude une forte demande sur le marché du vrac en faveur des cépages internationaux – notamment le chardonnay, le cabernet-sauvignon et le merlot – mais aussi des typologies plus inattendues. « Nous avons observé un fort intérêt à l’égard des vins biologiques et vegan, de même que les vins de base pour effervescents, , des entrées de gamme faiblement alcoolisées en rouge et des cépages internationaux, la demande émanant notamment d’acheteurs d’Europe du Nord, puis d’Allemagne, de la France, des Etats-Unis et du Canada », précise Luigino Lazzaretto. Aucune catégorie de vins ne serait entièrement épuisée, mais « tout dépend de la quantité recherchée. Pour les acheteurs qui recherchent un ou deux camions-citernes, il y a des disponibilités dans toutes les catégories ». Compte tenu des majorations tarifaires, les opérateurs ont adapté leur comportement d’achat : « Ils ont tendance à acheter de plus petits volumes et revenir plus régulièrement », confirme le courtier italien. « Ils achètent tous les mois ou tous les deux mois et cherchent à couvrir leurs besoins immédiats. Ils espèrent que la prochaine récolte retrouvera son volume normal et que les prix seront inférieurs à ceux de cette campagne ».
Le prix des génériques a doublé
Les génériques se commercialisent, en effet, au double des prix de l’an dernier, tandis que les autres catégories affichent des hausses de l’ordre de 25 à 30%. « Les prix les moins chers pour les génériques rouges, blancs et rosés se situent entre 58 et 60 cts le litre. Pour le chardonnay, il faut compter entre 85 cts et un euro, le cabernet-sauvignon tourne autour de 91 cts, le merlot entre 85 cts et 1,1 euro et le pinot grigio de 1,15 à 1,20 euro ». La pénurie mondiale conduit à une stabilisation de ces tarifs à l’heure actuelle. « L’an dernier, beaucoup d’entreprises françaises et allemandes sont allées chercher des vins en Afrique du Sud, qui étaient très compétitifs car positionnés autour de 35-40 cts. Cette année, elles recherchent des alternatives mais il n’y a aucun vin bon marché au niveau mondial. Elles se sont tournées vers les pays de l’Est – la Hongrie, la Macédoine et la Moldavie – mais il est difficile de trouver des volumes importants dans ces pays. Nous recevons parfois des demandes de la part d’acheteurs italiens pour ce type de produits, mais pour l’instant nous n’avons conclu aucun contrat ».
Des perspectives positives
Malgré le calme qui règne sur le marché depuis le début de l’année, Luigino Lazzaretto reste optimiste pour les mois à venir : « Je pense que les prochains mois seront positifs, surtout s’il fait beau parce que les conditions météorologiques ont un impact important sur la consommation. La Coupe du Monde en Russie cette année devrait également donner un coup de fouet au marché, surtout celui des effervescents ».