omme lors de la petite récolte 2013, la campagne a démarré sur les chapeaux de roue pour l’AOC Côtes du Rhône rouge. « J’ai commencé mes achats la troisième semaine d’octobre et j’ai terminé fin décembre, confie Nicolas Rager, acheteur chez Vignobles et Compagnie. Avec les vins que nous avons en stock, nous sommes couverts pour l’année. Nous avons anticipé nos achats car nous avons craint que les prix s’emballent. Mais nos partenaires ont été raisonnables. Ils ne sont pas allés au-delà du cours moyen de ce début de campagne ».
« Nous avons démarré très fort, confirme Philippe Martin, courtier à Vacqueyras. Deux paramètres expliquent cet empressement : une récolte en baisse significative (-25% par rapport à 2016, selon le syndicat des Côtes du Rhône) et l’affaire Raphaël Michel. Les clients de cette entreprise se retrouvent sur le marché libre, ce qui accentue la tension sur un marché déjà contracté ».
Les statistiques d'Inter Rhône témoignent de cet empressement. Selon l'interprofession, à fin décembre, 286 000 hl avaient été contractualisés contre 194 000 hl l’an dernier à la même époque.
A la Vinsobraise, le directeur Pascal Monier, a finalisé ses dernières ventes avant les fêtes de fin d’année. « On ne pensait pas que les metteurs en marché se positionneraient aussi vite. Habituellement, il nous reste des volumes jusqu’en janvier-février. Cette année, notre récolte de côtes-du-rhône est en baisse de 12 %. Nous avons privilégié nos acheteurs traditionnels. Nous n'avons pas retenu nos vins pour spéculer ».
La Suzienne a été bien plus impactée par les aléas climatiques de 2017 que sa consœur. Gel, grêle, coulure et sécheresse ont fait plongé de 35% sa production de côtes-du-rhône. Alain Bayonne, le directeur, a lui aussi donné la priorité à ses clients historiques. « J’ai eu des demandes d’opérateurs inhabituels. Mais je n’avais de quoi leur répondre », indique-t-il.
Sans surprise, cette tension a dopé les cours qui progressent de 17 % par rapport à l’an dernier. Une consolation pour les producteurs même si cette hausse ne compensera pas toujours la perte des volumes.