Gestion

Et si vous remplaciez votre prêt bancaire par un prêt « participatif » ?

 Le monde agricole ne s'est pas encore trop positionné sur ce sujet-là, mais le prêt moyen terme via du financement participatif représente une vraie opportunité pour financer des projets », a expliqué Sébastien Démoulin, conseiller d'entreprises au CER France Midi-Méditerranée, lors d'une conférence du Sitevi 2017.

Parmi les trois formes que peut prendre ce mode de financement - le don, la prise de participation dans des fonds propres d'entreprises ou le prêt court ou moyen terme - celui qui connaît la croissance la plus forte est la dernière. « Il y a un vrai mouvement de fond pour financer les entreprises ; le prêt se développe fortement ces dernières années, avec un montant collecté de +46% entre 2015 et 2016  », a-t-il indiqué.

Un déblocage beaucoup plus rapide du prêt qu'avec votre banque...

Ce mode récent de financement est proposé par des plateformes telles que Hellomerci.com pour des prêts court terme (trésorerie), Lendopolis.com, Lendix.com, ou encore Agrilend.fr et plus récemment Miimosa (voir encadré), spécialisées dans l'agriculture, pour des prêts moyen terme ou d'investissements, d'une durée inférieure à 7 ans. Le profil des prêteurs : « plutôt situés dans la tranche d'âge 35-45 ans, qui ont de l'argent à placer, et sensibles aux problématiques des entreprises : ils savent ce qu'ils financent, le font par choix et selon leurs valeurs ».

En 2016, le montant moyen financé par prêts « participatifs » a été de 136 000€. Ils peuvent être rémunérés ou non, avec des taux compris entre de 4 à 12 %, calculés selon la durée du prêt et de la cotation de l'entreprise. « Ces taux sont supérieurs à ceux proposés par les banques, mais ce mode permet aussi un déblocage des fonds beaucoup plus rapide », argumente Sébastien Démoulin. Ainsi, vous pouvez parfois avoir une réponse dans les 48 heures ».

Une modification du rapport de force

Avec ce nouveau mode de financement, l'entreprise peut désormais se passer de son banquier, par exemple si le délai du traitement du dossier est trop long, quitte ensuite à ce qu'elle rachète le prêt... « Ce mode de financement modifie le rapport de force avec votre banque ; il faut en avoir conscience et ne plus attendre qu'elle veuille bien y aller ou pas... », résume le conseiller. Un autre avantage de cette solution réside dans la promotion faite de l'entreprise à travers son projet, qui renvoie une image positive.

Attention à "l'après-campagne" du crowdfunding 

Mais avoir recours à ce type de financement nécessite aussi quelques exigences. Le « crowdfunder » doit avoir conscience qu'un appel de fond demande de la disponibilité, « d'être convaincu du système », de « croire en son projet » et enfin d'être capable de le porter sur la plan de la communication. La réussite dépend en effet du réseau – client, fournisseurs, amis, etc - que l'on parviendra à mobiliser et à animer sur la durée : le « premier cercle », le plus proche, qui touchera à son tour un « second cercle », etc., mais aussi auprès des médias qui le relaieront.

Il est aussi important de ne pas négliger « l'après-campagne », qui a tendance à être un peu « baclée » : « Ne pas oublier de verser la contre-partie à vos contributeurs, d'inviter vos financeurs chez vous, pour une dégustation..., conseille Sébastien Démoulin. Ils seront des super-commerciaux pour votre entreprise, alors bichonnez-les. Sinon, c'est la moitié du travail qui n'est pas fait ». Enfin, dernier avertissement : si 9 dossiers déposés et acceptés sur 10 aboutissent, toutes les demandes déposées n'aboutissent pas, avec en moyenne, un sur 30 environ. Les dossiers sont jugés à partir d'une étude du bilan et du calcul de l'Ebitda (valeur ajoutée – masse salariale).