ette histoire nous rappelle étrangement une fable de la Fontaine, celle du pot de terre contre le pot de fer. Les deux « petits » syndicats des vignerons d’Île de France (SyVIF) et du Nord-Ouest (SyVINO), qui regroupent 6 départements - les Ardennes, l'Aisne, l'Oise, la Seine-et-Marne, la Haute-Marne et la Meuse - s'élèvent contre le tout puissant SGV de Champagne...
Dans un communiqué de presse du 25 novembre 2017, les deux premiers alertent les médias et demandent à tous les acteurs des 351 communes concernées de « se mobiliser en manifestant la défense des viticulteurs et agriculteurs ». Ils déclarent également vouloir « solliciter » l'Union européenne pour les aider dans leur combat. « Il faut arrêter cela et éviter que le ministre de l'agriculture lui-même et quelques hauts fonctionnaires avec lui, se laissent aller contre le droit européen », indique Patrice Bersac, président du SyVIF. Celui-ci a écrit un courrier au ministre pour lui présenter ses arguments et lui demander un rendez-vous. L'objectif: trouver une issue au conflit et ainsi éviter une démarche contentieuse. Le conseil d'administration du syndicat se dit en effet prêt à porter un recours en Conseil d'Etat au cas où un arrêté soit pris dans le sens des champenois.
Selon un article paru dans le quotidien local champenois l'Union, Maxime Toubart, le président du SGV, doit en effet rencontrer très prochainement, le 4 décembre, le ministre de l'agriculture, afin de le convaincre d'interdire une nouvelle fois tout projet de nouvelles plantations de vignes à vins sans IG ou à IGP, à proximité de l'aire d'appellation Champagne, pour la campagne 2018-2019. Cela passerait par l'instauration d'un « cordon sanitaire », en d'autre terme, une zone entourant l'aire délimitée dans laquelle toute plantation de vignes serait proscrite, séparant l'aire d'appellation Champagne des futurs secteurs à planter.


Un projet évidemment pas du tout du goût des deux syndicats voisins, dans la mesure où 351 communes situées dans les 6 départements seraient concernées. Patrice Bersac dénonce des « exigences radicalement disproportionnées », un « refus du dialogue », une « peur irrationnelle des producteurs de Champagne » et un nouveau « mépris du droit européen ». Le SGV s'était déjà opposé en 2016 à de nouvelles autorisations de plantations de vignes sans IG ou à IGP, dans son bassin viticole, recouvrant toute l'Aisne et la Seine-et-Marne. Une demande à laquelle le ministre de l'agriculture avait accédé, malgré le fait qu'elle soit prise « en opposition au droit européen », depuis la libéralisation des plantations par la Commission européenne le 1er janvier 2016.