« Les stocks de vins au niveau mondial restent équilibrés, voire légèrement faibles. Les prix des vins en vrac pour la plupart des cépages sont généralement stables ou en progression ». Le tableau du marché mondial brossé par la Rabobank dans son dernier rapport trimestriel est des plus clairs, et positifs, pour les opérateurs, cela quel que soit le pays concerné. Bien évidemment, il y a toujours des exceptions, comme le rappelle la banque néerlandaise, mais globalement le marché mondial des vins se porte bien.
Pour ceux qui auront perdu une partie – pour certains significative – de leur récolte à cause des intempéries cette année, ce sera une maigre consolation. Mais la conjugaison d’une production plutôt restreinte au niveau de la planète, et de jolies performances sur certains marchés clés comme la Chine, les Etats-Unis et même – qui l’eût cru ? – le Royaume-Uni, a permis de revaloriser l’offre face à une demande soutenue.
La France brille à l’exportLa France a largement bénéficié de ce contexte favorable. Selon les données publiées par la Rabobank, ses exportations ont progressé de 6 % en volume et de 15 % en valeur au cours du premier trimestre, comparé à la même période en 2016, et les prix moyens ont gagné plus de 8 %. Les exportations de Champagne ont augmenté de 7 % en volume et de 12 % en valeur, mais les autres effervescents ne sont pas en reste avec +12 % en volume et +15 % en valeur. « Mais les augmentations de prix les plus pertinentes concernent les vins en vrac et les vins tranquilles en bouteilles », note la banque, citant le cas de Bordeaux avec +11 % en volume et +26 % en valeur. Ces performances sont liées à la bonne santé des marchés américains et chinois, mais aussi britannique, destination vers laquelle les vins français ont affiché des hausses de 3 % en volume et 14 % en valeur suite à une augmentation de 11 % du prix moyen au litre en euros.
Baisse du vrac espagnol et hausse des prixL’Italie a suivi une trajectoire similaire, mais pas identique, au premier trimestre de cette année. Ses vins effervescents continuent de faire fureur avec des bonds de 11 % en volume et de 15 % en valeur. Comme la France, ses exportations de vins tranquilles en bouteilles ont avancé plus rapidement en valeur qu’en volume (+5 % et +2% respectivement). Mais les vins tranquilles italiens ont subi des revers sur le plan des volumes aux Etats-Unis, tout comme en Allemagne et en Suisse. A contrario, s’ils ont progressé en volume au Royaume-Uni, leur prix moyen au litre a baissé de 4 %.
En Espagne, le scénario est tout autre. Les prix sont clairement orientés à la hausse et les volumes expédiés en vrac – dont les formats 2-10 litres désormais identifiés dans la nomenclature européenne – se contractent. Globalement, la valeur des exportations espagnoles a gagné 8,9% pour une stabilité des volumes (+0,1%). Les exportations d’AOP tranquilles en bouteilles ont affiché de jolies performances, +8 % en valeur et +4 % en volume alors que les effervescents ont décroché sensiblement en valeur, la hausse de 24 % en volume ne générant qu’une progression de 9,4% en valeur, reflétant une baisse à deux chiffres des prix moyens. Les Etats-Unis ont été très demandeurs de vins espagnols au premier trimestre, consolidant leur place de premier marché en valeur pour l’Espagne au niveau mondial. Si les exportations vers l’Allemagne (n°2) et le Royaume-Uni (n°3) ont avancé en volume, elles ont reculé au niveau tarifaire.
Seule l’Afrique du Sud affiche une hausse du vracDans l’Hémisphère sud, la tendance générale fait ressortir, comme en Europe, une baisse du vrac au profit des expéditions conditionnées, et de ce fait, une meilleure valorisation des exportations. C’est le cas en Australie (-2 % en volume pour +13 % en valeur), au Chili (+5 % et +8 %) et en Argentine (-15 % et -2 %) où les exportations de vins en vrac ont chuté de 39 % pour une baisse de 6,5% des expéditions en bouteilles. Selon l’INV, la tendance s’est même accentuée par la suite : entre janvier et mai 2017, les exportations argentines de vins ont perdu 18 % en volume tandis que les valeurs ont reculé de 5 % seulement. Seule l’Afrique du Sud déroge à la règle avec une hausse de 16 % des exportations en vrac contre +5 % pour les expéditions conditionnées.
Le Champagne et les rosés de Provence tirent les exportations aux USAS’il est un facteur commun à la plupart des pays exportateurs, c’est la bonne santé du marché américain, notamment en valeur, là aussi. D’après les données de la Rabobank, les importations de vins aux Etats-Unis ont progressé de 2 % en volume et de 6 % en valeur au cours des trois premiers mois de l’année. L’Italie en profite (+2 % en valeur et +3 % en volume), notamment avec ses Proseccos, la France aussi (+14 % en valeur pour +12 % en volume), sous l’impulsion surtout des Champagnes et des rosés de Provence.
Si l’Australie a vu ses exportations de vins en bouteilles vers les USA dégringoler de 15 %, la perte a été plus que compensée par la montée en flèche des expéditions en vrac (+150 %). Tendance inverse pour le Chili, dont les importations américaines ont fléchi en vrac (-11 %) et progressé en bouteilles (+7 %), tranchant avec la trajectoire suivie par les vins chiliens ces dernières années aux USA. Notons également l’excellente performance des vins portugais outre-Atlantique, avec des progressions de 21 % en valeur et 26% en volume, sur une base, il faut le dire, plus faible (509 000 caisses) que celle des principaux pays exportateurs.
Hausse des prix généralisée sur les blancs génériquesEnfin, la tension sur le plan des disponibilités conjuguée à la bonne performance de marchés comme les Etats-Unis mais aussi la Chine et le Royaume-Uni, par exemple, ont eu un effet des plus positifs sur les prix. « Dans la plupart des régions que nous suivons et sur la plupart des cépages, les prix des vins en vrac sont globalement orientés à la hausse… », note la Rabobank, avant de conclure : « Les récentes perturbations au niveau de la production dans l’Hémisphère sud et en Europe semblent avoir eu l’impact le plus direct sur les vins blancs génériques. Les stocks ont sensiblement diminué, entraînant une hausse des prix dans la plupart des principales régions productrices ».