Ce n’est qu’aujourd’hui que l’Espagne découvre et caractérise ses terroirs. Jusqu’alors, la production de raisin était majoritairement orientée sur un modèle industriel. Mais aujourd’hui, il y a une vraie prise de conscience de la valeur de notre foncier et du fait qu’il faut protéger cette valeur » constate Pedro Ballesteros Torres MW. Et de se montrer légèrement provocateur en déclarant : « on classe souvent l’Espagne dans les pays du vieux monde du vin, mais en réalité, nous sommes le très nouveau monde du vin ».
Belle endormie, l’Espagne va-t-elle se réveiller ? Pour l’instant, sa production reste dominée par une stratégie de volume avec une faible valorisation. Il y a pourtant différentes catégories de vin où le pays pourrait jouer ses atouts. « Le pays pourrait produire des vins rosés. En dehors de l’origine Provence, les consommateurs ne sont pas très sensibles à l’origine de cette production » considère Robert Joseph, journaliste. Le pays a également son mot à dire sur le marché des vins effervescents. « L’Espagne peut facilement produire des pétillants faciles à boire » assure Robert Joseph qui voit également des potentialités pour le vignoble espagnol sur les pinots griggio, les vins bio ainsi que sur les marchés des vins de profils californiens. « L’Espagne peut produire des vins comparables à ceux californiens, mais beaucoup moins cher » assure-t-il.
D’ailleurs, aux États-Unis l’origine espagnole a une carte à jouer. C’est du moins ce que pense David Trone président-fondateur de Total Wine and more, un détaillant présent dans 21 États (2,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires e 2016, dont 340 millions avec les vins espagnols). « L’opportunité principale pour l’origine espagnole aux États-Unis réside dans la croissance naturelle de la population latino et cubaine. Or cette population consomme volontiers des vins espagnols. Il faut se focaliser sur ce marché » assure-t-il.
Pour réveiller la belle endormie, il faudra que des efforts soient faits en matière d’innovation tant sur le plan technique que commercial. Notamment, les intervenants ont déploré le manque d'investissement de la filière espagnole dans le marketing. Le chemin est encore long avant que l’Espagne ne réalise le rêve de Pedro Ballesteros Torres MW. « Je souhaite ardemment que l’Espagne rejoigne les trois pays de première classe, soit la France, l’Italie et la Nappa Valley. Ce sont les seuls au monde à détenir 50 marques de vins commercialisées à plus de 50 000 bouteilles et à un prix supérieur à 50 euros le col »…