n prenant connaissance de l’arrêt du président de la chambre d’instruction de Paris, les 11 000 créanciers réclamant 40 millions d’euros pour non-livraison de vins commandés via le site 1855.com ont repris espoir dans l’issue de cette saga judiciaire. Dans son arrêt du 6 juin 2017, le magistrat parisien a en effet décidé de changer de juge d’instruction en charge du dossier au pôle financier. Afin d’approfondir l’enquête pénale qui vise le groupe 1855, et ses dirigeants (en tant personnes morales, mais aussi son président, son directeur et tout complice en tant que personnes physiques).
Hautement inhabituelle, cette décision pourrait annoncer une prise de conscience des pratiques de la défunte plateforme de vente de vin en ligne. Voire de la fin de l’apparente immunité dont bénéficient les anciens dirigeants de 1855.com, note un expert du dossier. Depuis le lancement des investigations, au début 2014, ni le président fondateur de 1855.com*, Emeric Sauty de Chalon, ni son directeur général, Fabien Hyon, n’ont en effet été entendus par la justice. Demandant à la nouvelle juge d’instruction de reprendre les investigations, le magistrat sort l’emblématique dossier des oubliettes.


Fondé en 1995, le site 1855.com a été liquidé en janvier 2015. Si l'avancée de la procédure civile reste floue, le volet pénal pourrait donc connaître un second souffle. Parmi les plaignants, se trouve une majorité d’acheteurs particuliers non-livrés (notamment pour des primeurs de grands crus bordelais). Mais aussi des représentants du vignoble (Conseil des Grands Crus Classés en 1855, Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Union des Maisons de Bordeaux, Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux…), reprochant au site sa publicité mensongère (ventes à découvert, contrairement aux promesses de l’époque) et son détournement de la mention 1855 (entraînant une confusion avec le célèbre classement des Graves, Médoc et Sauternes).
* : Ou pour être plus précis, du groupe Héraclès.
À noter que le président de 1855.com, Emeric Sauty de Chalon a déjà été sanctionné pour information non sincère par l’Autorité des Marchés Financiers. Avec 150 000 euros d’amende, pour manquement à l'« information exacte, précise et non trompeuse du public » et pour « information privilégiée », en amont de l'achat du site de vente en ligne CavePrivée.com (en 2012).