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La filière s’apprête à vivre son heure de gloire
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Espagne
La filière s’apprête à vivre son heure de gloire

L’Espagne sera à l’honneur pendant quatre jours à Vinexpo Bordeaux dès ce dimanche. Dégustations de prestige en présence de grands chefs espagnols, emplacement privilégié en plein cœur du Hall 1 et conférences dédiées sont autant de points forts de cet hommage, véritable consécration des progrès réalisés par la filière espagnole au cours des dernières années.
Par Sharon Nagel Le 18 juin 2017
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V
aste programme de restructuration

Les tensions récentes entre le secteur espagnol et les producteurs du Sud de la France peuvent occulter, en effet, les avancées significatives réalisées par les opérateurs espagnols au cours de ces dernières décennies. Avancées qui leur permettent aujourd’hui de se positionner sur le devant de la scène internationale avec une offre particulièrement bien placée au niveau tarifaire, cela pour des volumes conséquents. Si de nombreuses voix se lèvent pour mettre en doute la capacité des producteurs espagnols à y parvenir de manière loyale, José Luis Benítez, directeur de la Federación española del vino, réfute ces insinuations. « Il faut se rappeler de toutes les initiatives prises par l’Espagne au cours des dernières années. Nous avons mis en place un vaste programme de restructuration, à la fois au niveau national et dans le cadre de l’OCM. Ces mesures ont concerné non seulement la région de Castilla la Mancha mais aussi des vignobles plus traditionnels, des zones d’appellation d’origine. Conjuguées au déploiement de l’irrigation, elles ont permis de renforcer la compétitivité du secteur grâce à une amélioration de la qualité et à des rendements plus élevés ».

 

Effets bénéfiques de la récolte moyenne en 2016

Le porte-parole de la fédération rappelle également le rôle joué par les conditions climatiques, de nature à réduire le recours aux produits phytosanitaires et à la chaptalisation, dont le coût est évident. « Pendant combien de temps ces atouts perdureront-ils, nous n’en savons rien. Il se peut même que notre avantage climatique actuel – le temps sec et chaud qui caractérise une grande partie du pays – se transforme en handicap, avec le réchauffement climatique ». Certaines régions dans le Sud du pays commencent, en effet, à souffrir sensiblement de la sécheresse, cette année comprise. « Si la partie nord de l’Espagne a été touchée par des gelées au mois d’avril – des zones comme la Rioja, Ribera, Rueda et Bierzo – la sécheresse risque d’avoir un impact négatif sur la production dans le Sud cette année ». Pour l’heure, aucun chiffrage précis n’a pu être effectué quant aux pertes provoquées, à la fois par les gelées et la sécheresse. Mais d’ores et déjà, le secteur espagnol peut se réjouir de l’effet positif sur le prix des vins en vrac d’une récolte moyenne en 2016, entre autres facteurs. « Les dernières données dont nous disposons concernent la période allant jusqu’en mars, où nous avons observé une augmentation de près de 19% du prix des vins en vrac. Nous ne savons pas quel impact les gelées et la sécheresse auront sur le marché, d’autant plus qu’il faudra tenir compte des pertes subies en France et en Italie. Mais la hausse enregistrée cette année découle d’une demande internationale soutenue en faveur des vins espagnols, plus particulièrement aux Etats-Unis et en Russie ».

 

Problèmes d’étiquetage : manquements français

Si la concurrence qui existe entre la France et l’Espagne est bien réelle, la Fédération espagnole du vin – qui représente plus de 75% du secteur – estime que les deux pays ont tout à gagner d’une relation harmonieuse et réciproque. « A certains niveaux il existe des tensions, mais à d’autres notre relation répond à nos attentes. De part et d’autre, nous devons prôner le bon sens. Les événements récents n’apportent rien car, comme l’a affirmé l’ancien ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll, la France manque de vins sans indication géographique, d’où les importations depuis l’Espagne. C’est une réalité ». Pour le directeur de la FEV, il incombe aux autorités françaises d’être plus vigilantes quant à l’étiquetage des produits. « On ne peut pas imputer ces problèmes aux producteurs espagnols. Ce sont les autorités françaises qui sont chargées de garantir la traçabilité et l’étiquetage. Concernant les prix, les producteurs espagnols ne font pas du dumping. La vérité, c’est tout simplement que les vins espagnols sont moins chers que les produits français en ce moment. Cette situation ne nous réjouit pas particulièrement, nous préférions que nos prix augmentent pour rattraper ceux des vins français. Nous devons collaborer ensemble pour assurer la mise en œuvre de bonnes pratiques de chaque côté. Je pense que l’Espagne a encore beaucoup de choses à apprendre de la France, notamment pour ce qui est de son efficacité commerciale».  

 

Un nouveau comité mixte en train de voir le jour

Le vœu de José Luis Benítez pourrait se voir exaucé dans le cadre d’un Comité mixte franco-espagnol du secteur vitivinicole, dont la première réunion est programmée pour le mois de juillet en France. A l’instar de celui mis en œuvre dans le secteur des fruits et légumes, ce Comité constituera « un cadre régulier de rencontres bilatérales visant à analyser conjointement la problématique du secteur du vin et à travailler ensemble pour l’avenir des filières vitivinicoles française et espagnole, notamment dans le cadre de la future PAC », selon les termes du ministère français de l’Agriculture. Le directeur de la FEV salue l’initiative : « Le comité horticole a aidé à éviter les problèmes rencontrés par les producteurs français et espagnols de fruits et légumes. Il s’agit d’un modèle pour le vin. On ne résout pas des problèmes en incendiant des locaux ou par d’autres actes de ce type ».

 

Une volonté de structurer la filière

De la même façon que la Fédération entend s’impliquer de manière importante dans ce comité, elle compte aussi jouer un rôle de premier plan dans la structuration de la filière espagnole. En 2014, le secteur a porté sur les fonts baptismaux l’Organización Interprofesional del Vino de España, structure destinée à réunir les différentes branches de la filière. « Notre secteur est plutôt atomisé avec différents organismes représentant les professionnels. Nous devons assurer une meilleure cohésion entre eux. Le secteur doit être organisé de manière plus logique et rationnelle pour éviter des doublons et garantir un dialogue régulier entre l’amont et l’aval par exemple ». La nouvelle interprofession sera chargée de thématiques comme la recherche et le développement, la diffusion de l’information, les politiques axées sur le vin et la santé et différents aspects de la chaîne de valeur en mettant en place, par exemple, des contrats-cadres. Mais son objectif premier découle de la nécessité de promouvoir la consommation de vin en Espagne. En 2016, pour la première fois depuis 2009, la consommation nationale de vin a augmenté. « Je pense que 2015 et 2016 ont constitué un tournant pour la consommation de vin en Espagne. La crise économique et la baisse de la confiance des consommateurs ont porté atteinte à la consommation hors foyer. Or, le secteur Horeca représente un circuit essentiel pour la consommation de vin dans ce pays. La crise touchant désormais à sa fin, les consommateurs sont plus confiants. De plus, l’année dernière l’Espagne a accueilli un nombre record de touristes étrangers ».

 

Une campagne pour relancer la consommation

Pour la première fois, donc, le secteur vitivinicole est en train de mettre en place un programme triennal, destiné à être reconduit par la suite, pour encourager la consommation de vin parmi les Espagnols. Dotée d’un budget annuel de l’ordre de 5 millions d’euros, la campagne va cibler la tranche d’âge des 30-45 ans, déjà consommateurs de vin. Le but est de rendre le vin plus pertinent auprès de jeunes professionnels qui apprécient la gastronomie et les vins. Une fois la stratégie finalisée et l’appel d’offres pour le recrutement des agences terminé, la campagne devrait démarrer en fin d’année.  Elle s’inscrit dans le cadre d’une plus grande synergie entre les différentes branches de la filière, mais correspond également à la volonté de la FEV d’adopter une approche plus pragmatique. « Nous voulons changer notre façon de faire, impliquer davantage nos membres, leur être plus utiles tout en renforçant le rôle de la Fédération au niveau international par l’intermédiaire du CEEV », explique José Luis Benítez.

 

Une segmentation de l’offre en vrac

De manière conjointe, en collaboration avec l’Interprofesional, la Fédération va également s’attaquer à des chantiers d’avenir comme la segmentation et une meilleure valorisation des produits. « Nous avons besoin de vins en vrac. Ce serait irréaliste, voire ridicule d’affirmer que ce n’était pas le cas et que nous pouvions nous contenter de vendre des vins en bouteilles. Mais nous pouvons travailler sur la segmentation et la qualité du vrac, en mettant en valeur le cépage par exemple. Nous souhaitons proposer au marché mondial différentes catégories de vins en vrac. Dans le même temps, nous voulons explorer des pistes pour augmenter la mise en bouteille en Espagne et développer des marques. Mieux valoriser nos vins, de manière globale, relève d’une importance cruciale car même nos vins premium se vendent, pour certains d’entre eux, à des prix inférieurs à ceux de produits comparables sur le marché international. Nous voulons que le rapport qualité prix ne soit pas le seul critère de choix des consommateurs mais que ceux-ci soient prêts à débourser davantage pour une qualité meilleure. Autant dire que nous ne chômerons pas ! »

Un dispositif pour gérer les effets du changement climatique

Les effets de plus en plus tangibles du changement climatique sur la conduite du vignoble espagnol ont incité la FEV à mettre en place un dispositif de certification intitulé « Wineries for Climate Protection ». Les entreprises impliquées doivent améliorer leur bilan en termes d’utilisation d’eau à la fois pour la vinification et les effluents, d’efficacité énergétique, d’émissions de CO2 et de traitement des résidus par exemple. Les audits sont conduits par une société externe et tous les deux ans, les entreprises doivent faire preuve de progrès concrets. A titre individuel, les opérateurs sont aussi de plus en plus nombreux à mettre en place des systèmes durables. « Il y a cinq ans, peu d’entreprises avaient recours à l’énergie solaire, désormais nous le constatons beaucoup plus ». 

Tags : Espagne
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