t si le laser devenait une alternative à l’usage des produits phytosanitaires ? Si cette perspective peut faire penser à un remake de Star Wars, cette question a été abordée avec sérieux lors de l’assemblée générale du Groupe des Jeunes Vignerons de Champagne le 24 mars dernier. François-Gabriel Feugier, PDG de la start up Green Shield Technology, y a exposé le procédé breveté sur lequel il travaille. Avec le slogan « 100 % techno, 0 % phyto », ce jeune chercheur utilise l’analyse spectrale pour détecter la présence de « peste », c’est-à-dire des ravageurs ou autres maladies fongiques ou bactériennes des cultures, puis le laser pour les détruire.
Le fonctionnement de ce projet repose donc sur deux actions consécutives. Dans un premier temps, la machine repèrera la maladie ou le ravageur par une analyse spectrale, chaque peste ayant une signature spectrale spécifique. « On scannera les cultures sous tous les angles, notamment sous les feuilles, détaille François-Gabriel Feugier. Une fois la détection réalisée, le laser interviendra uniquement sur la peste et de manière très précise avec un spot d’1 mm de diamètre et une chaleur de 60 à 70 °C. La feuille de vigne ne sera pas abimée ». L’un des objectifs de cette technique sera également de détecter les maladies au stade asymptomatique, c’est-à-dire avant qu’elles ne montrent des symptômes.
Ce projet a été lauréat de plusieurs concours dont I-Lab 2015 et Green Tech Verte en 2016, organisé par le ministère de l’Environnement. Ces différents prix ont permis au chercheur d’avancer dans ses travaux et de collaborer avec trois laboratoires de l’Insa de Lyon. Son objectif est de construire, au premier semestre 2018, une maquette d’une machine pouvant être fixée sur un tracteur ou sur un enjambeur. Puis de passer au prototype permettant d’effectuer des tests dans des serres, des champs et des vignes au second semestre 2018. « A terme, l’objectif serait que cette machine fonctionne de manière autonome 24 h sur 24 h et qu’elle puisse passer tous les deux ou trois jours au même endroit », précise François-Gabriel Feugier. Dans le contexte tendu des applications phytosanitaires, ce concept a reçu un très bon accueil auprès des jeunes viticulteurs de Champagne, qui lui ont proposé leur collaboration lors de la phase de tests. Même intérêt à Cognac où ce projet a également été présenté auprès de quelques vignerons.