Nous voulons rester maîtres de notre avenir et ne pas subir des réglementations que l'on va finir par nous imposer », indique Jean-Hugues Goisot, responsable de la Commission technique à la CAVB, pour justifier l'élaboration de la nouvelle « Charte régionale pour le bien-vivre ensemble et l'utilisation des produits phytosanitaires ».
Plus qu'une simple charte, il s'agit en réalité d'un véritable "plan phytos". Celui-ci a nécessité plusieurs mois de travail et semble sur le point d'aboutir. Depuis quatre mois, une commission mixte CAVB-BIVB, constituée d'une quarantaine de personnes, de tous « bords », bio et non-bio, ont participé à son élaboration, en lien avec des techniciens, des experts techniques. Les ODG des 100 appellations l'ont approuvé il y a deux semaines. « Tout le monde a conscience qu'il faut des réponses aux attentes de la société », commente le responsable professionnel. Le document est désormais entre les mains des viticulteurs, envoyé par courrier il y a quelques jours, afin qu'ils puissent en prendre connaissance et éventuellement réagir. Mais il ne sera communiqué officiellement que dans trois semaines environ, une fois validé par la DRAAF.
Dans ce document semblent prévues de nombreuses mesures concrètes, avec des moyens précis pour y parvenir, visant à améliorer les pratiques et diminuer les quantités de produits utilisés par les viticulteurs. Parmi les moyens envisagés, des formations et des accompagnements techniques, qui devraient les amener à une vraie démarche de progrès vis-à-vis des phytos. Une mesure prévoit par exemple l'interdiction des pulvérisateurs à canon d'ici 2025, avec une recherche en cours des solutions techniques possibles de remplacement en lien avec les fabricants, ainsi que des financements pour aider aux investissements.


Les mesures les plus impactantes vont être testées dès cette année par des petits groupes de viticulteurs volontaires, suivis par des techniciens, afin d'en vérifier l'efficacité et d'être éventuellement réajustées. Il sera par exemple éprouvé, dès cette campagne, un programme de traitements sans produits classés « CMR » (cancérigènes et mutagènes), l'abandon total du désherbage chimique en plein, ou encore l'installation de filets anti-dérive.
L'aspect communication n'y a pas été oublié, tout aussi importante que les actions qui pourront être prises. « Des outils concrets » seront ainsi donnés aux vignerons pour qu'ils puissent expliquer, mieux communiquer avec leur entourage. Dans la charte est par ailleurs prévu un engagement des professionnels à instaurer un meilleur dialogue, en systématisant des concertations avec les habitants, les pouvoirs publics, les maires des communes.
L'objectif fixé par les responsables professionnels est de parvenir à étendre le plan d'actions et le faire appliquer à l'ensemble du vignoble dès 2018. Un état des lieux sera par ailleurs réalisé chaque année pour mesurer les résultats concrets ; celui-ci sera aussi « évolutif, étoffé au fil des ans ». L'enjeu de ce nouveau dossier est de taille, car de sa réussite dépend directement l'image « d'excellence » des vins de Bourgogne...