Tout aurait commencé en 2014, sous l'ère Christian Paly. L'architecte Jean-Marie Renaud, positionné dès l'origine sur le projet du Carré du Palais, commence ses malversations, en même temps que débute le chantier : surestimation d'honoraires, doublons de facturation, facture de travaux non effectués, travail dissimulé... Mais à cette époque, personne ne se serait rendu compte de rien.
A l'arrivée de Michel Chapoutier, en novembre de la même année, le projet prend une nouvelle orientation. Celui-ci est à cette même époque sensibilisé sur la lenteur du chantier. Des demandes d'explications envoyées les mois suivants par courriers recommandés à l'architecte restent sans réponse. Le président de l'interprofession finit, en juillet 2015, par se décider à le convoquer pour l'entendre de vive voix. Homme « plein d'aplomb », celui-ci le rassure et lui confirme la date d'ouverture du bâtiment en avril 2016, en sachant pertinemment que le délai ne serait pas tenable. « J'ai peut-être perdu du temps à ce moment-là... », admet Michel Chapoutier, à demi-mot. Les mois passent et le chantier n'avance pas aussi vite qu'attendu.
Face à ce constat, l'élu provoque finalement un audit, en janvier 2016, à la suite duquel un Assistant maitre d'ouvrage et un Organisateur planificateur de chantier sont embauchés. « C'est à ce moment que je commence à avoir de réels soupçons... Ces personnes ont pour rôle d'identifier les problèmes de sur-facturation et les anomalies », détaille Michel Chapoutier.


Celles-ci s'avèrent nombreuses : pas d'accès handicapés prévu, pas d'extraction pour l'air des cuisines du restaurant au niveau du toit, aucune démarche auprès des Bâtiments de France, etc. S'ajoutent à ces erreurs des suspections de malversations. Le chantier se poursuit malgré tout, en corrigeant les erreurs réalisées, par les deux nouvelles personnes recrutées. A cette période, une conférence de presse est organisée en grande pompe en avril 2016 pour annoncer une « inauguration en avril 2017, à l'occasion de Découvertes en Vallée du Rhône », mais pas un mot sur l'affaire.
Fin juillet 2016, le contrat avec l'architecte est finalement « cassé » et InterRhône dépose plainte à la police judiciaire. Mais pour la « laisser travailler », qu'elle ait le temps d'accumuler un maximum de preuves et ne pas éveiller les soupçons de l'architecte, les enquêteurs demandent à l'interprofession de ne pas ébruiter l'affaire. « La situation était donc délicate depuis août 2016 pour InterRhône, car on ne pouvait rien communiquer », commente son président. Pendant ce temps, le chantier se poursuit, désormais sans les services du pseudo-architecte.
Après huit mois d'enquête de police, une mise en examen a finalement été prononcée à son encontre, ainsi que celle de son épouse, le 21 mars 2017. Les chefs d'inculpation sont nombreux : escroquerie, tentative d'escroquerie, usurpation de diplôme, travail dissimulé. Le montant du préjudice estimé par la police s'élèverait pour l'instant à 770 000€.
Depuis, l'instruction est en cours par un juge d'Avignon. Elle devrait sûrement durer plusieurs mois, tandis que l'architecte véreux a été assigné à résidence et son épouse placée sous le coup d'un contrôle judiciaire. InterRhône n'a donc pas encore eu accès au dossier, pour pouvoir notamment chiffrer plus précisément le montant du préjudice subi.


Malgré la mise à l'écart du pseudo-architecte depuis juillet 2016, le chantier semble néanmoins toujours tourner au ralenti et le retard n'est pas rattrapé. Son ouverture est donc décalée pour la quatrième fois, puisqu'annoncée, il y a un an, pour le 10 avril 2017. Michel Chapoutier a toutefois évoqué une ouverture partielle, pour la partie bar à vins et brasserie, d'ici le festival d'Avignon. Le reste – boutiques, terrasse, etc- devrait suivre, à l'automne 2017... Espérons que cette fois sera la bonne !