a rencontre avait pourtant démarré sous haute tension. Ce jeudi 2 mars, François Fillon n’a fait que quelques pas dans les vignes de Romain Angelras à Nîmes. Assailli par une meute de journalistes parisiens focalisés sur ses récents déboires et peu concernés par la viticulture gardoise, le candidat LR à l’élection présidentielle s’est vite retranché sur le domaine où était prévu le déjeuner, hors du champ des journalistes et des flashes des photographes. « A table, l’ambiance a totalement changé. Il s’est détendu, a été très à l’écoute et ne s’est pas dérobé à nos questions», confie Romain Angelras.


La concurrence des vins espagnols a bien sûr été au menu des discussions. « Il estime que pour une juste concurrence avec nos voisins européens, il faut que la France arrête de laver plus blanc que blanc et transpose plus simplement les textes européens sans se rajouter des contraintes qui plombent notre compétitivité. Il nous rejoint sur la nécessité d’avoir une même réglementation sur les produits phyto en Europe », relate le vigneron. En réponse aux doléances des viticulteurs sur la paperasserie croissante à laquelle ils sont soumis, le candidat s’est engagé à une simplification administrative, en cohérence avec son projet de réduction de nombre de fonctionnaires. « François Fillon s’est également dit prêt à simplifier le parcours très compliqué de l’installation des jeunes. Il propose également de supprimer les droits de succession sur les transmissions d’exploitations si elles restent familiales », indique Anaïs Amalric, co-présidente des JA du Gard. Il a également insisté sur la liberté d’entreprendre, poursuit-elle. «Vous êtes des chefs d’entreprise. L’Etat fixe des objectifs mais doit vous laisser libres de choisir les moyens de les atteindre », a-t-il en substance expliqué.
Les viticulteurs ont également manifesté leur inquiétude vis-à-vis des mesures de protection de marché que pourrait prendre le nouveau président des USA. « Si les USA veulent taxer nos produits, c’est au niveau européen qu’il faut réagir et annoncer des taxes sur les produits américains qui rentrent en Europe » aurait-il indiqué. Il souhaite également que la France reprenne la main dans les discussions de la Pac : «Si je suis président, je demanderai à mon Ministre de l’Agriculture de préparer un projet pour la Pac afin que ces propositions servent de base aux négociations », aurait-il plaidé. Enfin autre projet du candidat Fillon : relancer la recherche pour trouver des solutions aux nouvelles attentes sociétales. « Avant de se fixer des objectifs en terme de réductions de phyto, il faut s’assurer d’avoir les moyens de le faire pour ne pas se retrouver dans une impasse». Il a également précisé qu’il ne fallait s’interdire aucune recherche, précise Anaïs Amalric.
Une rencontre qui se termine donc mieux qu’elle n’avait commencé. « Personne n’a été déçu, chacun a pu s’exprimer. Ce fut un échange constructif », conclut Romain Angelras, pas mécontent de faire mentir un journaliste parisien, qui, à son arrivée dans le vignoble, lui avait confié que la viticulture n’était vraiment pas le sujet du jour.