a société Selerys, qui propose une solution de détection de risque d'orage de grêle, Skydetect, s'est associée avec Lacroix défense, une entreprise spécialisée en pyrotechnie, pour mettre au point un nouveau système d'ensemencement des cellules orageuses. Le principe : avec un gonfleur, insufler de l'hélium dans un gros ballon en latex de 1,20 mètre de diamètre, sur lequel est embarquée une torche d'ensecemencement, puis le lâcher jusqu'à ce qu'il soit à hauteur basse du nuage.


Cette nouvelle technologie, qui a fait l'objet d'un dépôt de brevet par Selerys, est destinée à remplacer les actuelles fusées anti-grêle, que Lacroix Défense souhaitait arrêter de produire. Ces ballons seront commercialisés dès cette campagne 2017 aux viticulteurs habituellement utilisateurs de ces dernières, pour un coût unitaire d'environ 350€.
Mais pour pouvoir en bénéficier, les utilisateurs devront également souscrire un abonnement au service de détection et d'aide à la décision proposé par Selerys, moyennant 800€ par an. Cette dernière a en effet recours à des radars permettant de surveiller une zone de 60 km de diamètre, l'approche ou la naissance d'une cellule orageuse en temps réel, entre 30 minutes et une heure avant son arrivée. Dès lors, une pré-alerte est envoyée par sms à l'abonné, qui prépare le matériel nécessaire : gonfleur, ballon avec sa torche, et bouteille d'hélium. Il est ainsi prêt à intervenir. Dès réception de la seconde alerte quelques minutes plus tard, celui-ci se rend alors sur le poste de tir et procède au lancement du (ou des) ballons, avant l'arrivée de la cellule orageuse. L'utilisateur a également accès dans son abonnement à l'image cartographique sur son téléphone, lui permettant d'opérer lui-aussi un suivi en temps réel de son avancée. « La détection, plus précise qu'avec un radar Météo-France, améliore l'efficacité de lutte contre la grêle et permet une économie car nécessite un nombre moins important de tirs », argumente Fabrice Caquin, directeur de Sélerys.


Par comparaison, le dispositif « Arelfa » se base sur des prévisions d'orages au niveau d'un territoire, ainsi que sur des images radars pluviométriques de Météo-France. Elles annoncent des tendances à 200 km, soit quelques heures avant l'arrivée des fronts de pluie. « Elles ne permettent pas de dire quand la cellule va naître et où précisément, ni sa trajectoire et sa durée, poursuit celui-ci. Elles ont donc une résolution spatiale et temporelle beaucoup moins fine». Ce type de radar ne permet donc par exemple pas de prévoir les cellules qui naissent « au dernier moment » et qui expliquent que certains épisodes de grêle ne sont parfois pas annoncés. Le système de diffusion, via des générateurs au sol, demande par ailleurs plus de temps pour que la zone soit correctement ensemencée, et nécessite donc d'être démarré plusieurs heures avant l'arrivée de l'orage.
Mais Fabrice Caquin rappelle néanmoins l'utilité des prévisions « traditionnelles » fournies par Météo-France, qui permettent d'annoncer un risque orage « la veille pour le lendemain, ce que ses propres radars ne font pas. Les services sont donc complémentaires, il faut prendre en compte les deux », indique t-il.
Cette nouvelle offre, baptisée « Laïco », est en cours de déploiement dans les différents vignobles de la Vallée du Rhône, de Bordeaux, de l'Hérault et de Provence. Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) a également décidé de l'expérimenter dès 2017 dans le Châtillonais. « Il nous fallait une surface qui nécessite un faible nombre de radars à installer, vu leur prix onéreux », explique Christine Monamy, du pôle technique. Un seul va donc être installé, au printemps, pour couvrir une surface de 280000 ha, dont 300 ha de vignes. 8 postes de tirs de ballons, avec 2 ou 3 bénévoles pour chaque, vont être nécessaires. L'expérimentation durera trois ans et permettra de vérifier son efficacité contre la grêle. Le cas échéant, il pourrait être déployé dans le vignoble bourguignon.