Il faut que la dégringolade s’arrête, la situation est catastrophique ! » s’exclame Éric Chadourne, le nouveau président de la Fédération des Vins de Bergerac et Duras. Élu ce 3 février à la succession du vigneron Jean-François Fruttero, le viticulteur de Pécharmant s’alarme de la chute des cours du tonneau de Bergerac rouge, passé à 850 euros, alors qu’ils étaient en moyenne de 1 016 euros sur la campagne 2015-2016 (déjà -7 % par rapport à la campagne 2014-2015). « Comment faire de l’AOC avec un tel niveau de valorisation ? Et comment voulez-vous que les metteurs en marché puissent investir dans une appellation qui subit de telles variations de prix ? » s’emporte Éric Chadourne.
Pour remédier à la spirale du moins-disant (la crainte des stocks pesant sur le début de campagne), le président de la FVBD a proposé à son conseil d’administration de mettre en place une boîte à outils. Sans la détailler, il évoque aussi bien l’usage d’outils interprofessionnels (comme blocages de volumes) que l’incitation au déclassement (c’est-à-dire le passage en vin de France pour ne pas peser sur les cours de Bergerac), le travail sur le financement d’un portage des stocks (pour réduire les disponibilités de l’abondant millésime 2016) et des rencontres avec les courtiers et négociants pour mieux connaître les demandes du marché.


« Peut-être que l’on aura des résultats, peut-être pas » reconnaît Éric Chadourne. Mais, pour lui, l’essentiel est de réunir les opérateurs du vignoble bergeracois : « c’est dans l’intérêt de tous de savoir quel est le bon prix ». Le juste cours est la grande inconnue de cette campagne à la conjoncture particulièrement ardue. La crise commerciale de Bergerac a été causée par la production historiquement faible du millésime 2013, qui a conduit à une flambée des cours et une succession de déréférencements. L’AOC pâtit toujours de cette perte de parts marché, qui a brisé sa mécanique de valorisation enclenchée après la crise de 2007-2008. Désormais, l’enjeu est de commercialiser l’abondante production 2016 (235 000 hectolitres, +11 % sur un an), alors que les chiffres de commercialisation restent en repli (155 000 hl sur la campagne 2015-2016, -3 %) et que les stocks explosent (228 000 hl à l'été 2016, +37 %).