aisant de la ressource en eau un élément clé du développement durable, l'Université Californienne de Davis (UC Davis) n'est pas peu fière d'avoir développé dans ses chais expérimentaux un outil de recyclage des eaux de pluie, comme le rapporte la revue Wine Business. Unité d'enseignement et de recherche, la winery Jess Jackson a accueilli en décembre dernier un outil d'osmose inverse automatique permettant de filtrer l'eau pluviale jusqu'à ce qu'elle soit considérée comme potable (en terme de conductivité des minéraux et de taux de carbone organique).
Au bout d'un mois de test, 75 % des volumes traités sont considérés exploitables pour le nettoyage de la cave : des sols aux cuves, en passant par tout le matériel vinaire. L'UC Davis espère pouvoir passer ce taux de filtration à 80 %, mais se félicite déjà de pouvoir assurer ses besoins en eau par elle-même. Pour aller au niveau suivant, les équipes de recherche travaillent pour la vendange 2017 à la création d'un système automatisé de nettoyage des cuves, avec un nanofiltre intégré pour pouvoir réutiliser jusqu'à dix fois un même volume d'eau.


Avec le système actuel, l'eau de pluie est collectée par 3 300 mètres carrés de toiture, à la fois de la winery expérimentale et des bâtiments scolaires de l'institut Robert Mondavi. Préfiltrée à 50 microns de diamètre, cette eau est stockée dans deux cuves de 1 700 hectolitres (extérieur inox, intérieur PVC), sachant que quatre cuves de ce volume permettent également de stocker l'eau une fois filtrée par osmose inverse. « Cette eau n'a jamais touché terre. Elle est très propre et sans résidus minéraux, comparés aux eaux domestiques ou de nappes souterraines. Ce qui en facilite la filtration » confie Jill Brigham, la directrice du centre de production durable des vins de l'UC Davis, au Wine Business.
Don de l'usine de Minnetonka de General Electric (Minnesota), l'osmoseur GE E4 est constitué d'un préfiltre d'un micron de diamètre, puis d'un filtre variant entre 0,001 et 0,0001 micron. Ce qui permet une filtration serrée pour les poussières, micro-organismes... Avec un débit de 900 litres/heure.
Si l'utilisation de ce matériel d'osmose inverse dans une winery expérimentale n'a pas posé de difficultés réglementaires, Jill Brigham reconnaît que la généralisation de cette technologie sur le vignoble californien est loin d'être évidente. A cause d'une législation très sourcilleuse en terme d'hygiène. « Recevoir les accords d'utilisation d'eau recyclée pour l'irrigation sont généralement peu difficiles, mais dans le cas d'applications agroalimentaires, c'est une autre paire de manches » glisse-t-elle au Wine Business.