raichement lancée, l’assurance coup dur en viticulture n’est pas victime d’un engouement sans précédent. « On ne peut pas dire que nos stylos n’ont plus d’encre à force de signer des contrats » confirme l’assureur Christian Lamigou (Groupama), sur le salon Dionysud (à Béziers). Cette difficulté à convertir à l’assurance récolte de nouveaux vignerons transparaît dans les statistiques : 24 % du vignoble national serait en moyenne assuré contre les aléas climatiques. Si le Languedoc-Roussillon affiche ce même taux d’assurance régional, les disparités existent entre l’Aude et le Gard bien assurées, quand retard l’Hérault l’est bien moins (de l’ordre de 14 %).
« Il y a de l’inertie, mais cela viendra ! » estime avec optimisme l’assureur Xavier Dubourg (Groupama). Pour lui, il n’est question que de freins dans l’amorçage de la pompe, notamment pour la première année. « Il y a le problème de l’avance de trésorerie. La subvention européenne pour le coût de l’assurance pour 2016 ne sera perçue qu’en 2017. Il faut amorcer la pompe » illustre l’assureur Christian Lamigou (Groupama). Mais il relativise le prix en estimant que « le coût d’une cotisation multirisque annuelle peut être équivalent à une journée de traitement ».
Mais à entendre les critiques des vignerons, c’est avant tout le déséquilibre entre le coût et les bénéfices perçus qui les poussent à ne pas contracter d’assurances. Des limites que reconnaît amplement Jérôme Despey, défenseur devant l’éternel du contrat coup dur.
« On espérait qu’il y aurait des souscriptions plus importantes au vu de la fréquence et l’importance des dégâts ces dernières années » estime le viticulteur héraultais. Tirant ce bilan on ne peut plus mitigé, il ouvre les pistes d’améliorations : réduire le plancher de perte de récolte fixé par l’Europe (il est de 30 % pour déclencher l’assurance), revoir les modalités de calcul des niveaux de référence de la production (les régions sinistrées à répétition présentant des rendements moyens déjà amputés) et envisager un meilleur taux de subvention pour les assurances socle de niveau 2 (en les passant à 65 %, voir encadré).


« Si on arrive à améliorer ainsi le dispositif, il faut que l’on arrive à rendre beaucoup plus incitatif le dispositif. Pourquoi pas en liant le contrat socle à l’octroi d’aides. Par exemple de l’OCM vin » continue Jérôme Despey. Qui précise le faire au titre de syndicaliste de la FNSEA (par ailleurs administrateur à Groupama), et non de président du Conseil Spécialisé Vin de FranceAgrimer (ce dernier n’ayant pas encore débattu du sujet, mais devrait s’y pencher à l’occasion des prochains débats sur l’OCM vin).
Depuis toujours favorable à une assurance obligatoire, Jérôme Despey envisage donc de passer par des chemins détournés. Avec l’objectif affiché de réduire les coûts en démocratisant au maximum l’outil. A noter qu’il existe aujourd’hui des contrats de groupe pour les adhérents de caves coopérative précise Christian Lamigou.
L’assureur propose trois niveaux « socles » aux vignerons, avec des conditions variables selon les zones (historique gel, grêle… et désormais sécheresse). Globalement sur le bassin méditerranéen, le premier niveau propose une franchise à 30 %, avec un taux de cotisation brute du capital du capital assuré avoisine 2,5 points (pour une subvention européenne à 65 %). Pour le niveau 2, la franchise passe à 25 % et la cotisation augmente en moyenne de 0,25 point (pour une subvention à 45 %). Le troisième niveau, proche de l’assurance multirisque climatique qui existaient par le passé, affiche une franchise de 10 % pour un taux de cotisation avoisinant les 3 points (et une subvention à 42 %).