La valeur intrinsèque d’un vin est-elle une condition suffisante pour faire de lui un grand vin ? » a interrogé Arnaud Daphy, consultant en marketing vins devant un auditoire de 190 personnes. Selon lui, le grand vin est créé par « l’envie que l’amateur a pour que cela en soit un ». Il naît aussi de « l’histoire qu’on raconte autour de lui ». Le producteur a la charge de faire passer ce message au public. Sa chance est qu’il n’a jamais eu autant qu’aujourd’hui des moyens de communiquer facilement sur son histoire grâce aux technologies digitales et aux réseaux sociaux. Si la forme évolue, le fond reste le même : pour intéresser, l’histoire doit être belle et formalisée. « Le scénario qui raconte une déshérence, un sauvetage et une fin heureuse est un classique qui fonctionne toujours bien » note Arnaud Daphy. Appliquée à un vignoble, cela peut par exemple, devenir l’histoire d’une vigne à l’abandon, remise en situation de produire jusqu’à pouvoir élaborer le vin versé dans le verre de la personne qui le découvre. Vous n’avez pas repris de vigne à l’abandon ? Qu’à cela ne tienne ! Plus que toute autre profession, chaque vigneron a par nature même une histoire à raconter. Pensez cependant, conseille Arnaud Daphy, à « élaguer le propos tenu pour le rendre pertinent » !
A la dimension de l’histoire, le journaliste Jean-Luc Barde ajoute l’humain. « Il n’y a pas pour l’amateur de grand vin sans grande rencontre avec le viticulteur qui l’a créé » affirme-t-il. « Avant d’être un agriculteur, le viticulteur est un être cultivé. Il peut raconter des histoires sincères et émouvantes, la sienne et celles des générations qui l’ont précédé, et ces histoires se retrouvent dans ses vins ». En résumé : il n’y a pas de grands vins sans grande histoire et sans grande rencontre !
(*) Journées organisées par Vins de terroir et amateurs éclairés (VITAE) et l’Université des grands vins (UGV).