téphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, a apporté son soutien à la création d’« un fonds d’indemnisation pour les victimes de l’exposition aux produits phytosanitaires ». L'annonce a été faite après avoir rencontré la sénatrice Nicole Bonnefoy qui est à l'origine de cette proposition. Si aucun projet de loi n'a encore été déposé, le ministère de l'Agriculture précise que la mesure doit être mise en place pour la fin d'année. Ce qui marquerait une reconnaissance du risque pesticide avec un Fonds d’Indemnisation semblable à celui pour les victimes de l’amiante (établissement public national à caractère administratif).


Le communiqué ministériel précise que « ce fonds devrait permettre de faire progresser la prise en charge des utilisateurs de produits phytosanitaires, à titre professionnel ou amateur, victimes d’un dommage directement lié à l’exposition à ces produits, et en particulier d’améliorer les procédures de reconnaissance de maladies professionnelles ».
En pratique, le financement de ce fonds d’indemnisation serait assuré par les groupes industriels possédant des Autorisations de Mise sur le Marché de produits phytopharmaceutiques.
Ayant rendu en octobre 2012 un rapport parlementaire sur les pesticides, la sénatrice Nicole Bonnefoy ne cache pas retranscrire avec sa proposition une demande de l’association Phyto-Victimes (dont le président, l’agriculteur Paul François, est justement charentais). « Nous espérons que cette proposition de création de fond d’indemnisation pour les victimes des pesticides aboutira, ce qui obligera enfin les vrais responsables à dédommager les victimes » salue dans un communiqué l’association Phyto-Victimes.


Mais tous les militants anti-phyto ne sont pas favorables à cette proposition. « C’est un peu trop facile, on indemnise les victimes et en même temps on se donne bonne conscience. Ce n’est pas d’argent dont nous avons besoin, mais de condamnations pénales ! » tacle l'ouvrière viticole Marie-Lys Bibeyran (collectif Info Médoc Pesticides, ayant quitté l’association Phyto-Victimes).
A noter que ce 22 juin, l’association Phyto-Victimes a publié un communiqué dénonçant le nouveau décalage de la publication d’un rapport de l’ANSES sur l’exposition des professionnels aux pesticides. « Cela fait maintenant 9 mois que ce rapport aurait dû être présenté aux différentes parties prenantes. Sa diffusion était prévue en octobre, puis en janvier, et finalement le premier juin pour être encore repoussée au 22 juin » critique Phyto-Victimes. Maintenant que la diffusion publique de ce rapport est reporté à une date ultérieure, « deux explications s’offrent alors à nous : soit ce rapport contient des données très sensibles que les pouvoirs publics ne veulent pas mettre entre les mains des parties prenantes, soit ce rapport n’est pas suffisamment solide, et a été rédigé sans tenir compte des points de vue variés, et n’est alors pas digne d’être diffusé en l’état » conclut ironiquement Phyto-Victimes.