menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Gens du vin / Sur le chemin du renouveau
Sur le chemin du renouveau
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Bulgarie
Sur le chemin du renouveau

Une « révolution de velours » est-elle en train de s’opérer dans le secteur vitivinicole bulgare ? Annoncée ce 20 mai comme pays hôte du 40ème Congrès mondial de la vigne et du vin de l’OIV en mai 2017, la Bulgarie a reçu en octobre dernier la Digital Wine Communications Conference - la Mecque des blogueurs et autres communicants numériques - puis le Concours Mondial de Bruxelles au début de ce mois-ci. C’est dire si pouvoir publics et professionnels bulgares sont déterminés à revenir sur la scène vitivinicole internationale avec, qui plus est, une offre digne des plus grands pays producteurs.
Par Sharon Nagel Le 27 mai 2016
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Sur le chemin du renouveau
Des personnalités comme Stephan von Niepperg contribuent à asseoir la réputation de la Bulgarie viticole
U
ne traversée du désert

C’est souvent à travers des concours qu’une renaissance ou émergence vitivinicole se manifeste, et le Concours Mondial de Bruxelles qui s’est tenu à Plovdiv, deuxième ville bulgare, du 29 avril au 1er mai, confirme ce phénomène. Pour la première fois, les producteurs bulgares ont remporté quatre Grandes Médailles d’Or mais aussi 47 Médailles d’Or et 58 Médailles d’Argent, soit 109 médailles pour les 256 échantillons présentés. Un record. Lorsqu’on sait que la filière vitivinicole bulgare n’en est qu’à ses débuts en matière de reconstruction depuis la fin de l’époque communiste, ce résultat est d’autant plus impressionnant. En effet, depuis son âge d’or dans les années 1970 et 1980 où ses exportations ont décollé grâce, non pas uniquement à la Russie mais aussi à la Grande-Bretagne, la filière était tombée bien bas. Les mesures antialcooliques de Gorbatchev puis l’arrivée sur les marchés internationaux de pays comme l’Australie ont entraîné l’abandon d’une partie significative du vignoble. Une phase de privatisation dans les années 90 aurait pu signaler la reprise, mais elle s’est avérée longue et complexe à cause d’une volonté de rendre toutes les terres à leurs propriétaires d’avant-nationalisation. « Lorsque nous voulions nous installer à Bessa Valley, nous avons dû racheter des terres à 1 000 propriétaires différents », explique Stephan von Neipperg, l’un des quatre propriétaires de ce domaine de 140 hectares situé dans le sud du pays. « Il a fallu également consulter les archives pour connaître précisément les meilleurs terroirs, localisés sur une bande étroite entre les terres agricoles en bas de coteaux, et des arbres plus haut ». La qualité des terroirs, Stephan von Neipperg n’en a pas douté : « J’ai eu des propositions pour investir en Roumanie ou en Croatie, par exemple, mais j’ai préféré la Bulgarie pour la qualité de son terroir ».

Une approche winery

Figure emblématique de Saint-Emilion, il applique une philosophie différente en Bulgarie, tout en restant dans une optique très qualitative. « La cave est conçue pour être hautement performante dans un style de grande winery », précise-t-il. Ici, pas de bling bling, mais des cuves en béton et un chai à barriques tout simple. Nécessitant un investissement total de 6,5 millions d’euros, financé partiellement par l’Europe, la cave est bénéficiaire depuis 5 ans et élabore environ 600 000 bouteilles, dont 150 000 sont commercialisées en Bulgarie, malgré une gamme de prix qui s’étend de 6 à 25 voire 30 euros la bouteille pour la Grande Cuvée en rouge. Les origines bordelaises sont des plus visibles dans le vignoble, planté essentiellement de cabernet-sauvignon, merlot et petit verdot, mais aussi de syrah qui donne ici d’excellents résultats. Le choix de l’encépagement s’est expliqué par la nécessité d’acquérir des connaissances plus approfondies du terroir avant de se lancer dans les cépages autochtones. Stephan von Neipperg pointe également une autre problématique : « Lorsque nous sommes arrivés à la fin des années 90, les plants de cépages locaux n’étaient pas d’assez bonne qualité ». Désormais, fort d’une expérience de plus de 10 ans de vinification à Bessa Valley et en plus de son implantation de cépages blancs méridionaux comme la roussanne, la marsanne et le viognier en sélection massale, le domaine va s’orienter progressivement vers des variétés comme le mavrud, cépage emblématique du pays. Cela, en dépit de l’autre handicap qui frappe les variétés autochtones, d’ordre cette fois commercial : l’absence de renommée de la Bulgarie en tant que producteur de vins limite les possibilités de commercialiser des variétés peu, voire pas connues, incitant les producteurs à privilégier les cépages internationaux, couramment assemblés avec des variétés locales. D’ailleurs, à Bessa Valley, l’étiquette arbore fièrement le blason familial des von Neipperg, le ‘Made in Bulgaria’ étant relégué à la contre-étiquette, en petits caractères.

Une dynamique internationale et locale

Il n’empêche que la présence de figures aussi prestigieuses que Stephan von Neipperg – qui affirme que « les vins bulgares sont de retour ! » – ne peut qu’être bénéfique pour l’image du pays et souligner son potentiel vitivinicole. D’autant plus qu’il n’est pas le seul : Marie Brizard Wine & Spirits (ex-Belvédère) possède depuis 2002 le Domaine Menada avec ses 426 hectares de vignes, le célébrissime Michel Rolland apporte ses conseils à Telish et l’Italien Edoardo Miroglio, issu d’une grande famille du textile, a créé un domaine de plus de 200 hectares avec son hôtel de standing. A côté de ces personnalités internationales, il existe également des entreprises bulgares performantes et dynamiques avec une vision claire de l’avenir de la filière. Zagreus Winery est de celles-ci. Avec ses 120 hectares de vignes, dont les premières ont été plantées en 1998, cette société familiale cherche à se distinguer pour ses vins issus de mavrud ; elle va même jusqu’à le vinifier en blanc. Ce cépage tardif qui a parfois du mal à mûrir correctement donne pourtant de très bons résultats et se profile comme le ou l’un des futurs cépages emblématiques de la Bulgarie, à l’instar du malbec argentin ou du sauvignon blanc néo-zélandais.

Un secteur qui cherche, et qui trouve

Zagreus, qui élabore environ 600 000 litres de vins pour une capacité de cuverie d’un million de litres, se veut être précurseur et a mis en place un programme d’expérimentations ambitieux. N’utilisant que du chêne bulgare pour le vieillissement de ses vins, la cave – certifiée par ailleurs bio – expérimente actuellement avec des barriques en acacia. « Nous avons obtenu de très bons résultats en blanc », explique le jeune œnologue Dimitar Ivanov. « L’influence du bois n’est pas perceptible au nez mais apporte de la structure en bouche ». Les expérimentations sont conduites en partie avec un vin blanc issu du cépage dimyat. « A l’époque communiste, le dimyat était utilisé pour la distillation du fait de ses rendements élevés, pouvant atteindre 20 000 tonnes à l’hectare. Il y a environ dix ans, ce cépage a failli disparaître puisque la plupart des distilleries ont fermé. Nous en avons élaboré notre premier millésime en 2015 ». Zagreus est également connu pour ses vins de type Amarone, issus de raisins passerillés, dont la production a débuté lors du millésime 2007. Les raisins sèchent pendant environ deux mois dans une cave construite à cet effet sur place. Quelque 20 000 bouteilles sont produites chaque année, dont plus de la moitié sont exportées. Au prix départ cave de 13€, il n’est pas étonnant que ce fleuron de la cave n’a pas de difficultés à trouver preneurs…

Un bel avenir se dessine, à moyen ou à long terme

Des rapports qualité prix souvent imbattables, dus en partie à une main d’œuvre locale peu chère, un climat qui se prête parfaitement à la viticulture et donc une qualité de vins permettant à la Bulgarie de jouer dans la cour des grands, sont autant d’atouts aujourd’hui évidents et qui augurent du potentiel de développement du pays. « Au cours des dix dernières années, le secteur vitivinicole bulgare a connu une véritable renaissance », se réjouit Radoslav Radev, président de la Chambre nationale de la vigne et du vin. « Il y a un renouveau en matière de potentiel vitivinicole, une modernisation des sites de production, la construction de nouvelles caves et une promotion active des vins et de la Bulgarie en tant que destination oenotouristique ». Certes, la mafia et la corruption locales restent un problème récurrent pour le pays dans son ensemble, mais le potentiel qualitatif des vins et la détermination des producteurs – dont le nombre ne cesse de progresser – garantissent sans nul doute un avenir prometteur au secteur vitivinicole, fût-ce un avenir à moyen ou à long terme. En attendant, les producteurs focalisent leur attention sur le millésime 2016 « qui pourrait être précoce et très bon, à condition qu’il ne fasse pas trop chaud cet été », prédit Dimitar Ivanov. 

La découverte de pays viticoles grâce à l’itinérance du CMB

Le vignoble bulgare s’étend sur 64 000 hectares, situés essentiellement dans cinq grandes régions viticoles, plaçant le pays au 9ème rang des producteurs mondiaux, après la Hongrie. Très faible en 2014, la production est remontée à 1,5 million d’hectolitres en 2015, d’après les chiffres de l’OIV. A l’occasion du Concours mondial de Bruxelles 2016, dont le pays hôte change chaque année, les quelque 320 dégustateurs ont eu l’occasion de visiter plusieurs exploitations situées dans le sud du pays et de constater le bond en avant qualitatif des vins, confirmé en dégustation à l’aveugle durant le concours.

Pour accéder aux résultats complets de l’édition 2016 du Concours mondial de Bruxelles : www.concoursmondial.com

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Saône-et-Loire - CDI SAS Maison LOUIS JADOT
Vaucluse - Alternance/Apprentissage Famille Petitjean
Hérault - CDI SAS CAVE DE L'ORMARINE
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Gens du vin
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé