Nous sommes un vignoble de montagne, rappelle Gilles Paris, vigneron à Chiroubles et président de l’interprofession beaujolaise, lors d’un point presse organisé à Paris le 17 mars 2016. Avec des vendanges souvent manuelles, une taille en gobelet et des rendements qui tournent autour de 40hl/ha, notre seule perspective de croissance passe par la valorisation de nos vins. »
Le vignoble souffre encore d’une image écornée et de plusieurs années de faible récolte mais mise sur la grande distribution pour toucher toujours plus de consommateurs. « Nous ne sommes pas encore distribués dans un nombre suffisant de magasins, déplore Jean Bourjade, délégué général d’Interbeaujolais. Notre objectif est d’être plus présent sur l’ensemble des points de vente. »
Une dynamique qui s’appuie sur des résultats satisfaisants en 2015. « En GMS, l’appellation Beaujolais et les crus ont gagné du terrain, respectivement +2,2 % et 2,6 % en volume et 1,1 % et 5,6% en valeur », détaille Jean Bourjade. Les beaujolais-villages, quant à eux, décrochent.
Mais c’est en foires aux vins, en hypers et supermarchés, que la progression est la plus sensible : +10,6% en volume en 2015 pour l’ensemble du vignoble en hypermarchés (+4,6% dans les supermarchés). « C’est nouveau pour nous, cela dérange un peu l’ordre établi, observe le délégué général. De plus en plus de vins du Beaujolais sont référencés lors de ces foires aux vins grâce à un travail vers les enseignes. »
Les efforts consentis pour séduire les linéaires semblent donc porter leurs fruits, même s’il reste du chemin à faire. « En-dehors des primeurs, nous sommes encore peu représentés en GMS par rapport à la Bourgogne, par exemple », observe Gilles Paris.
Côté prix en grande distribution, les beaujolais sont tirés vers le haut, notamment grâce aux crus. « Hors beaujolais nouveaux, nous observons depuis quatre ans une meilleure valorisation en GMS. 68% des vins sont vendus entre 3,75 et 7 euros et nous avons disparu des prix sous la barre des 3,75 euros. » Une situation rassurante même si le vignoble doit encore monter en gamme pour assurer aux vignerons une meilleure rémunération...
Après un hiver houleux et la disparition du l’UVB, « il faut que la branche viti se réorganise », a reconnu Gilles Paris. Les travaux sont en bonne voie, estime-t-il et les ODG ont d’ores et déjà acté la formation d’un bureau commun. Reste que les perspectives sont suspendues aux prochaines élections qui verront, en juillet, de nouveaux élus prendre leurs responsabilités au sein d’Interbeaujolais. Gilles Paris ne sera d’ailleurs pas candidat à sa propre succession. « Après vingt-cinq ans de représentation syndicale, il est temps de laisser la place aux jeunes », plaide-t-il avant de se réjouir à l’idée de passer « encore plus de temps dans mes vignes ».