oup d’essai de l’édition 2016, l’ouverture du salon Vinisud aux vins de Bordeaux laisse un bilan particulièrement mitigé. L’accueil réservé à Montpellier cette mi-février n’ayant pas particulièrement été à la hauteur des attentes. « Les organisateurs se sont tout simplement moqués de moi, et de mon entreprise » lance la vigneronne Véronique Smati (château Lionne, AOC Graves). Ayant envoyé une demande de remboursement, elle a proposé son courrier à la cinquantaine d’autres exposants bordelais pour monter une opération commune de réclamation (soit 2 500 euros pour un stand basique). A sa connaissance, une dizaine de propriétés s’est déjà emparée de sa proposition, témoignant de leur insatisfaction : « il n’y a pas eu de service à la hauteur des prestations d’un salon international. L’organisation n’a pas fait son travail opérationnel, et n’a pas mis en avant la région invitée dans son plan de communication. A part une petite ligne… »


« Nous sommes honnêtes, il y a des choses à améliorer et nous avons des reproches à nous faire » reconnaît Ahmad Monhem, le directeur du salon Vinisud (Adhesion Group). S’il fait amende honorable en constatant que le hall B4 « n’était pas le plus fréquenté », ce n’est pas sa position ou la communication du salon qui ont fait défaut selon lui. « Il a manqué un organisme fédérateur pour animer la présence de Bordeaux. L’interprofession bordelaise était absente, et l'Agence Aquitaine de Promotion Agroalimentaire n’est pas venue, alors qu’elle était présente depuis 15 ans » regrette-t-il.
Et il est vrai qu'à part les Côtes de Bourg et les Vignerons Indépendants d'Aquitaine, aucun organisme girondin de promotion ne s'est déplacé à Bordeaux. Les décisionnaires girondins ne cachent pas avoir souhaité sanctionner Vinisud, qui, selon eux, a saboté la deuxième édition de Bordeaux Vinipro, en prenant les mêmes dates et en s'ouvrant au vignoble bordelais. Une grille de lecture fermement démentie par Adhesion Group, qui n'est pas loin d'y voir un réflexe de victimisation face aux hasards de la stratégie. « Nous sommes convaincus qu’il y a une place à trouver à Bordeaux sur Vinisud » martèle Ahmad Monhem, qui souligne que cette réflexion est en cours depuis plusieurs années. Il maintient que cette invitation, comme l’annualisation ou la modification des dates du salon, ne vise que la compétition avec Prowein. Et en rien le salon Bordeaux Vinipro.


Toujours poli, mais pas moins ferme, Ahmad Monhem reproche également à certains exposants mécontents d’avoir négligé la préparation en amont de leur salon. Ou de s'y être pris trop tard (s'inscrivant en décembre-janvier), espérant naïvement la venue de prospects sur leurs stands. « On n’est pas des charlots » soupire Véronique Smati, « on a l’habitude de préparer de grands salons internationaux, avec des mails aux prospects et de la communication. Mais, là ça reste une perte sèche pour nos domaines. Mon ressenti, c’est que Vinisud n’est pas capable de faire la promotion des vins qui ne viennent pas de sa région. » Une perception bien différente de celle des organisateurs, qui revendiquent la nécessité de consolider des salons français pour peser en regard de Prowein. « Et des exposants bordelais sont ravis et me demandent déjà s’ils pourront être présents en 2017 » nuance Pascale Ferranti, la directrice commerciale d’Adhesion Group.
Actuellement, un remboursement n'est pas envisagé par Adhesion Group, qui propose cependant une remise exceptionnelle aux exposants girondins revenant la prochaine édition (en plus de la ristourne pour les exposants 2016). A noter qu'officiellement, l'avenir de l'invitation des vins de Bordeaux à Vinisud 2017 reste en suspens, le conseil d’administration de Vinisud n’ayant pas pris de décision sur l’avenir de cette invitation (qui peut être pérennisée ou au contraire remplacé). « Bordeaux n’était pas invité d’honneur, c’était une ouverture. Un premier pas, nous l’espérons » conclut Pascale Ferranti.