Il n’y eut pas de discussion qui n’ait cette semaine commencé par : « tu as vu Cash investigation ». Avec l’émission diffusée mardi et consacrée aux pesticides, France 2 a frappé fort. On en retiendra la carte de France « des départements qui utilisent le plus de pesticides dangereux »,qualifié de « surprise d’Elice Lucet au ministre de l’Agriculture » . Cette dernière précise : « Les données avec lesquelles nous avons travaillé proviennent du ministère de l'Écologie. Le ministère de l'Agriculture exerce également un droit de regard sur leur publication. Elles sont confidentielles et couvrent une période qui s'étend de 2008 à 2013 (et de 2009 à 2013 pour l'outre-mer). Nous avons identifié 71 substances qui sont jugées dangereuses ou potentiellement dangereuses par des organismes américains (Environmental Protection Agency) et européen (base de données gérée par la Commission européenne) ou le Centre international de recherche sur le cancer, qui dépend de l'OMS ». La Gironde, la Loire-Atlantique et la Marne arrivent en tête largement en tête, avec des ventes de pesticides dangereux trois fois et demie supérieures à la moyenne. Incrédule ? « Cliquez sur chaque département pour connaître le détail des cinq pesticides dangereux les plus vendus près de chez vous, leur mode d'utilisation et les risques qu'ils comportent ». On observera que ces trois départements sont aussi les champions de l’agriculture productiviste en même temps que des vignobles. Le Monde rediffuse sur son site des extraits de l’émission et la journaliste Martine Valo commente : « Les pesticides, nous en mangeons, nous en buvons et nous en respirons. Ils font la fortune de quelques géants de l’agrochimie – six, exactement – et ont des conséquences graves sur la santé publique. Le postulat de départ de l’équipe de « Cash investigation », sur France 2, est remarquablement illustré par ce documentaire percutant. Leur démonstration a des chances de secouer le public, encore loin de mesurer l’ampleur du problème. D’autant que les journalistes ont choisi de concentrer leur enquête sur les victimes les plus vulnérables des épandages incontrôlés dans les champs, les vergers et les vignes : les enfants, et plus encore les fœtus exposés dans le ventre de leur mère. Tumeurs cérébrales, cancers, autisme, malformations congénitales, retards de développement : le nombre de cas augmente à grande vitesse ». Dans son blog Idées liquides et solides Vincent Pousson souligne : « Mais au fait, qui l'a choisie, cette agriculture "de l'exploit", industrielle, productiviste? Qui a voulu des frigos et des poubelles bien pleins? Qui cautionne le massacre? La réponse est simple pourtant: moi, ou vous, nous tous, pour peu que nous décidions (oui, on décide!) de faire nos courses au pousse-caddie, ou que nous allions dans des restaurants (90% d'entre eux) qui se fournissent au pousse-caddie, chez Métro, Promocash & Cie. Car c'est le consommateur qui choisit les pesticides, qui les plébiscite même en poussant la porte du supermarché ou du restaurant qui s'y sert. C'est lui qui les impose à l'agriculteur, au nom du prix le plus bas, des petites (et fausses) économies, de cet argument honteux du "manque de temps". Il en est le commanditaire, le responsable, le "coupable" ». « Effrayant ». C’est le mot que retient Olivier Perou dans Le Point (http://www.lepoint.fr/medias/pesticides-les-chiffres-effrayants-reveles-par-cash-investigation-03-02-2016-2015099_260.php). Suivent des paragraphes qui commencent par des chiffres : « 1er. La France », « 4 714. En France, chaque année, 4714 tonnes de Folpel sont vendues, « 40 millions d'euros. À Moriers, en Eure-et-Loire, la municipalité a décidé de réaliser des travaux de raccordement de l'eau potable pour un coût évalué à 40 millions d'euros. L'objectif pour les habitants : avoir accès à une eau plus pure et surtout sans Atrazine, présent à une dose supérieure à la norme », « 6. En juin dernier, la direction France de Syngenta invite 6 parlementaires, mais aussi des membres du ministère de l'Agriculture des syndicalistes agricoles et d'autres organisations à un dîner de lobbying », « 50 %. Devant Élise Lucet et les caméras de Cash Investigation, le ministre de l'Agriculture a pris des engagements contre les pesticides ». L’Express mesure aussi l’impact de l’émission sur les Internautes et met en ligne quelques unes des réactions indignées et relève : « Devant les nombreuses réactions suscitées par l'émission, Ségolène Royal s'est exprimée ce mercredi sur France Inter. ».
L’après Cash InvestigationDans Sud-Ouest, Bernard Farge, le président du Conseil des vins de Bordeaux, s'exprime : « On ne peut pas être insensible aux conséquences de certains produits et de leur mauvaise utilisation. C’est pour cela que depuis 20 ans beaucoup de choses ont été entreprises. On ne travaille plus aujourd’hui comme à l’époque. On ne travaillera plus dans dix ou quinze ans comme aujourd’hui ». Il ajoute : « On ne traite pas par plaisir mais par nécessité. Ces traitements ne sont faits qu’avec des produits homologués et en respectant des procédures ». Les Echos font un « gros plan sur le chlorpyriphos-éthyl, pesticide que le ministre de l’Agriculture s’est engagé à interdire sur le plateau de l’émission. L’Obs convoque François Veillerette, porte-parole de Générations Futures pour « expliquer pourquoi certains départements sont plus touchés que d'autres par ces produits dangereux » : « La raison est simple. Elle s'explique par la nature des cultures dominantes de ces territoires. La Gironde possède une importante surface viticole. Il en va de même pour la Marne et plus largement de la Champagne ainsi que la Loire-Atlantique, d'où provient notamment le Muscadet ». Et ce chiffre qui tel le refrain de la chanson revient : « En France, les cultures de vignes représentent 20% des pesticides utilisés alors qu'elles n'occupent que 3 % de la surface agricole française ».