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Système de management environnemental
Le développement durable appliqué au quotidien vitivinicole

Convoquée pour son 8e Forum environnemental, la filière des vins de Bordeaux a fait le point, le 19 janvier, sur le Système de management environnemental (SME), outil collectif de développement de pratiques respectueuses de l’environnement.
Par Alexandre Abellan Le 26 janvier 2016
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Le développement durable appliqué au quotidien vitivinicole
L’auto-laveuse de la cave du château Magnol est-elle trop triviale pour illustrer un concept aussi noble que le développement durable ? Pas si l’on prend conscience des petits gestes nécessaires pour réduire l’empreinte environnementale de la filière. - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
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évoilé lors du Forum environnemental de 2010, le Système de management environnemental (SME) s’est concrétisé en 2011. « Le SME, c’est une démarche de progrès environnemental collectif », résume Éva Mondini, ingénieur qualité au Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux. Ce réseau associatif réunit 400 entreprises en 2015. Ce sont à la fois des domaines (représentant 15 % des surfaces girondines) et des négoces (pour 30 % des volumes commercialisés).

Clé de voûte de l’agroécologie girondine, le SME va perdurer et se donne pour prochaine étape l’accès au niveau 3 de la norme Haute valeur environnementale. Intégrer collectivement cette certification permettrait à chacun de ses membres de bénéficier d’un support de communication (HVE disposant d’un label, pouvant être étiqueté). « C’est une belle démarche, vous serez soutenus », lançait Catherine Geslain-Lanéelle, la directrice générale de la Performance économique et environnementale des entreprises (DGPE, du ministère de l’Agriculture).

Et si le succès est au rendez-vous de cette démarche, c’est que la force d'attraction du SME repose sur l'obtention collective de la norme ISO 14 001. « Il y a une dizaine d’années, nous avons commencé une démarche ISO 14 001, mais nous ne sommes pas allés au bout tellement c’est lourd administrativement », se rappelle Philippe Blanc, le directeur du château Beychevelle (78 hectares en AOC Saint-Julien, 14 ha en AOC Haut-Médoc), désormais certifié dans le cadre du SME depuis deux ans. Souvent vue comme une usine à gaz par les entreprises vitivinicoles, la norme ISO 14 001 est ici allégée par l'effet de levier d'une association support, ne serait-ce que pour la veille réglementaire.

Au-delà de l’effet de mutualisation, les adhérents du SME évoquent aussi l'enrichissement permis par le partage et la mise en commun des expériences : investissement dans des panneaux solaires, mise en place de haies, ateliers d'éco-conduite des tracteurs, valorisation des sous-produits... La logique du SME va jusqu’à « l'organisation d'un chantier propre pour nos travaux de cuvier à Beychevelle (livré en juillet 2016). Nous avons une charte pour les prestataires, qui leur demande de s'engager à réduire les nuisances bruits-poussières pour le voisinage, à éviter la pollution des eaux et traiter les déchets », liste Sylvie Robin, la responsable qualité et environnement du château Beychevelle.

Au jour le jour, des actions qui font la différence

Boîte à outils, le SME propose une somme d’actions simples reposant sur l'implication du personnel et l'enseignement qu’aucune solution n’est pleinement satisfaisante. Illustration avec le château Magnol, propriété de 30 hectares en cru bourgeois du Haut-Médoc.

Situé entre un lotissement de Blanquefort, une zone industrielle (les entrepôts Dartess) et une réserve naturelle (Natura 2000 de Bruges), le château Magnol ne s’est pas construit en opposition avec son environnement, mais avec lui. La présence d’une espère de tortue protégée dans la zone humide a même permis de sauver le domaine d’un projet routier, s’amuse Laurent Prada, le directeur de production pour Barton et Guestier, qui possède la propriété. Ce cadre contraignant a conduit le domaine à adapter ses pratiques, en veillant à la bonne gestion de tous ses effluents, avec un bac les centralisant, et en ne traitant qu’aux heures de bureau en évitant le mercredi. « Pour l’instant, nous n’avons pas engagé de démarches auprès du voisinage, ce sera peut-être l’étape suivante », glisse Bernard Fulloy, le maître de chai du château Magnol.

En attendant, l'appropriation du SME a entraîné la mise en place de multiples compteurs, à l’instar d’un compteur d’eau à la cave… Les bilans énergétiques ont soutenu l'investissement dans une pompe à chaleur à la cave et l'isolation thermique des chais, tandis que la mesure des productions d'effluents a poussé l'optimisation des protocoles de lavage (comme l'utilisation d'une auto-laveuse pour les sols de la cave, fonctionnant uniquement à l'eau, photo ci-dessus). Mais l'étape de la mise en place du tri reste emblématique.

« Cela a été un moment important, et délicat au lancement » se rappelle Bernard Fulloy, qui a vidé les poubelles avec ses employés jusqu’à ce que les automatismes soient bien pris. « Nous avons été surpris par l’adhésion du personnel. Ils ne l’ont pas perçu comme une contrainte » rapporte Laurent Prada. « Pour qu’il y ait adhésion, on ne peut passer que par l’implication de tous les salariés » confirme Alexis Raoux, le directeur du développement durable pour le groupe Castel (qui possède la maison Barton et Guestier). D’expérience, il souligne le rôle fédérateur de ces remises en question, ce qui valorise l’individu et son expérience. « Il faut que le personnel soit proactif, si on utilise une carotte ou la contrainte, cela ne marche qu’un temps » ajoute-t-il.

Autre enseignement, les pratiques de développement durable sont indissociables de tâtonnements et d'apprentissage. Les membres du SME indiquent ainsi donner le temps à chaque innovation, pour l'essayer, juger de la pertinence de ses effets et de leur pérennisation. Exemple, si l’arrêt de tout traitement herbicide permet de réduire les intrants phytosanitaires, le travail des sols qui en découle implique un nombre élevé de passages de tracteurs et donc de consommation de matières fossiles. « Il n’y a pas de vérité, mais un ensemble de compromis », résume Alexis Raoux.

Le plan Climat 2020
Dans le moyen terme, la question essentielle reste « comment Bordeaux se positionne face à l’enjeu de société qu’est le changement climatique », comme le pose Stéphane Amant, consultant opur l'agence Carbone 4. Après le premier bilan carbone de la filière girondine en 2008 (à 840 000 tonnes d’équivalent CO2), la filière a arrêté un Plan Climat 2020 l’année suivante, posant notamment l’objectif de réduction de 20 % des émissions de Gaz à Effet de Serre*. Le bilan carbone d’étape annonçant une réduction de 9 % des émissions de CO2 en 2014 (à 770 000 t.éq.CO2), une feuille de route est en cours de finalisation afin de trouver 98 000 t.éq.CO2 supplémentaires. « L’approche est pragmatique, les bonnes idées viennent de la filière » explique Jeanne-Marie Voigt (chargée de mission environnement au CIVB), « des groupes de travail se sont réunis et ont fait remonter 80 success stories, des actions pratiques qui marchent et ont un effet sur l’environnement ». 22 de ces pratiques exemplaires ont été retenues et doivent faire l'objet de fiches techniques aidant à leur mise en place. Ces actions phares tiennent de la bonne pratique (formation des tractoristes à l’écoconduite, passage des équipements au banc d’essai, visioconférences…), de la mutualisation (développer les CUMA, favoriser le covoiturage…), de l’identification des consommations (pose de sous-compteurs différentiels eau et électricité…), des changements de pratiques (collecte des eaux de pluie, optimiser les procédures de nettoyage, récupération du CO2 de fermentations pour produire du bicarbonate…). Le déploiement de ce plan d'action est attendu pour le deuxième semestre, étant actuellement en phase de finalisation avant diffusion. Les 22 actions retenues permettraient de réduire de 53 à 101 000 t.éq.CO2 le bilan carbone bordelais, selon les taux d'adhésion. « On a besoin de tous, c’est la politique des petits pas » lance Jeanne-Marie Voigt. « 2020 n’est pas l’aboutissement de la démarche, c’est le premier jalon d’un processus qui doit s’inscrire dans l’ADN de la filière » prévient Stéphane Amant, qui souligne que « le plan climat est systémique et transversal, il doit être intégré dans la stratégie globale » prévient-il, prévenant que « le processus s’inscrit dans le temps long. Il ne faut pas tomber dans le travers de l’attentisme, profitant de la baisse des prix de l’énergie. » * : Ainsi que la hausse de 20 % du recours aux énergies renouvelable et les diminutions de 20 % des dépenses énergétiques et de la consommation en eau.
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