Télérama publie « le petit texte d’un lecteur du New York Times qui fait du bien aux Français » après les attentats à Paris vendredi 13 novembre. C’est une « véritable ode à la France qui n’en finit pas de tourner sur les réseaux sociaux » : « La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent : la jouissance de la vie ici, sur terre, d'une multitude de manières : une tasse de café qui sent bon, accompagnée d'un croissant, un matin ; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue ; l'odeur du pain chaud ; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en aucun Dieu, de ne pas s'inquiéter des calories, de flirter et de fumer, de faire l'amour hors mariage, de prendre des vacances, de lire n'importe quel livre, d'aller à l'école gratuitement, de jouer, de rire, de débattre, de se moquer des prélats comme des hommes et des femmes politiques, de remettre les angoisses à plus tard : après la mort ».
La Radio télévision suisse souligne « un record pour un vin de Bourgogne au profit des victimes des attentats ». C’était aux Hospices de Beaune dont la vente aux enchères annuelle se déroulait le dimanche 15 novembre. On en oublie presque cette fois les parrains célèbres : « La "pièce des présidents", un Corton Renardes Grand cru, a été remporté sous le marteau des parrains de cette édition, Claire Chazal et Christophe Lambert, par une "acheteuse française" dont l'identité n'a pas été divulguée ». « Elle a tenu à manifester son soutien aux deux associations avec une pensée évidente pour les événements récents ». Sobrement.
La Revue du vin de France salue « un Beaujolais nouveau en soutien à l’art de vivre français » : Si les professionnels promettent cette année un millésime exceptionnel pour le Beaujolais nouveau, les éternels débats sur le goût de banane ou de mûre de ce vin primeur font place à des considérations plus graves. Elle cite Marie, « une productrice attablée rue des Petits Carreaux, une artère très commerçante du coeur de Paris » : "Il ne faut rien lâcher". La RVF précise : « Au Japon, premier client à l'étranger du Beaujolais, les festivités ont aussi été marquées par un hommage aux victimes ».
Le Monde s’abstrait des contingences de l’actualité et dresse le portrait de Ludivine Griveau, « première femme régisseur du domaine bourguignon». « Le millésime 2015 des Hospices de Beaune se distingue d’emblée. Sans préjuger de sa qualité que les experts semblent unanimes à louanger, il porte une nouvelle griffe. Celle de Ludivine Griveau », écrit Laurence Girard. « Elle sait que tous les regards sont braqués sur elle. Ludivine Griveau établit ses règles : « La première règle est de ne pas en avoir ». Cette sagesse serait-elle plus que tout autre qualité la marque du féminin dans le vin ?
« Un an après la relaxe d'un premier vigneron bourguignon, un deuxième, Thibault Liger-Belair, comparaît mardi 17 novembre devant la justice pour avoir refusé de traiter ses vignes contre la flavescence dorée, sur fond de débats sur les pesticides », relève la RVF. L’éloge vient de Jean Bourjade, délégué général d'Inter-Beaujolais.: « Très respecté dans le milieu, il élève ses vignes en biodynamie. C'est un vigneron très très qualitatif, qui jouit d'une très belle image en Bourgogne ». La RVF précise : « Le vigneron n'est pas un cas isolé dans la région. Bien évidemment, certains sont en désaccord total avec lui, estimant que la lutte contre la flavescence doit être collective. Mais ils sont de plus en plus nombreux aussi à contester ces obligations de traitement. Guillaume Bodin, vigneron-cinéaste, leur a récemment donné la parole dans un documentaire en forme de manifeste: "Insecticide, mon amour".
Pour Vitisphere, c’est « le procès de trop pour la Bourgogne ». Le site précise : « A l'instar du procès d'Emmanuel Giboulot, les professionnels craignent qu'à nouveau, les association environnementales « récupèrent » l'affaire et que celle-ci soit sur-médiatisée. Un vigneron confie à Vitisphere : « Il alerte les associations environnementales et les médias, il témoigne dans un film ». Un autre s’interroge : « On peut se poser la question de ses réelles motivations, s'interroge Jean-Michel Aubinel. Fait-il tout cela pour se faire de la publicité ou agit-il vraiment par conviction...? ». Aucun n’évoque ses propres convictions.
Et le meilleur vin du monde selon le Wine Spectator est cette année : le Cabernet Sauvignon Oakville au Paradis de Peter Michael, Californie, millésime 2012.
« Oh, ce ne sont pas toujours les bouteilles qui nous font le plus rêver, mais comment ne pas s'intéresser à cette publication, espèce de thermomètre du marché américain, qui rappelons-le demeure le premier au Monde », écrit à propos de ce palmarès le blogueur Vincent Pousson. Il poursuit : « Disons-le tout de suite, ce millésime 2015 ne s'annonce pas fameux pour le vin français. Avant de tempêter sur le mauvais goût yankee et nos faiblesses commerciales, reconnaissons que les vins hexagonaux qu'on aime outra-Atlantique, plutôt des blockbusters bordelais ou rhodaniens, ont été sûrement handicapés par des années délicates comme 2012 et 2013 actuellement sur le marché. N'empêche que cette fois, les Américains nous la font doublement à l'envers. D'une part, ils ne nous accordent qu'une maigre place dans le peloton de tête mais surtout, il nous donnent une leçon de vinification qui pique un peu. La seule étiquette française qui a réussi à se glisser dans le Top10, et encore, à l'avant-dernière place, c'est un bordeaux, Clos Fourtet 2012, Premier Grand Cru Classé de Saint-&-Millions. Et le Wine Spectator salue là un vin "de la plus grande précision", un résultat obtenu grâce à "une baisse des rendements, des fermentations malolactiques en cuves d'acier inoxydable et l'utilisation de moins de bois neuf ». De la subtilité des choses.