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ntre Margaux et Saint-Julien, le château Lamothe-Bergeron trône fièrement dans le vignoble médocain. Et il ouvre les portes de son imposante bâtisse à ses touristes, au sens propre. « La visite commence dans le château, c’est notre volonté. Nous sommes partis du constat qu'à Bordeaux, la plupart des châteaux ne sont pas visités. Les touristes ne rentrent pas dans la bâtisse et sont frustrés de tourner autour » explique Laurent Mery, le directeur du domaine (65 hectares en cru bourgeois du Médoc). Ce n’est pas la seule originalité revendiquée par ce parcours de visite flambant neuf.
Conçu avec l'agence de communication bordelaise Au Long Cours, cet itinéraire guidé multiplie les effets rappelant davantage les parcs d'attraction que les vidéos promotionnelles habituelles. La plus intéressante animation reste la projection sur une cuve en inox des étapes de vinification qui se déroulent à l'intérieur, de l'encuvage à l'écoulage. Créant une impression de transparence, cette astuce permet aux visiteurs de se figurer l’encuvage à l’écoulage les étapes préfermentaires, la formation du chapeau de marc, les remontages… « On voit ce qu’il se passe à l’intérieur des cuves. Souvent nos visiteurs ont déjà entendu parler de ces phénomènes dans d’autres châteaux. Mais là nous les captons vraiment » témoigne Anne Melchior, la responsable oenotourisme du château. Autre support ludique et pédagogique, la démonstration d’assemblage projetée sur une paroi de verre du chai réunit Laurent Mery et son consultant, Hubert de Boüard (co-propriétaire du château Angélus). Le parcours propose également des animations sans artifices, comme l’observatoire des terroirs (une cabane avec vue panoramique sur le vignoble et l’estuaire) ou un espace de dégustation dans les caves du château (avec boutique).
Innovante et éducative, cette scénographie représente un investissement de 300 000 euros pour le domaine. Ayant l'objectif affiché d’être une véritable activité économique, cette offre oenotouristique vise 30 000 visiteurs par an et un chiffre d’affaires de 300 à 400 000 euros. Cette ambition se base sur une visite ouverte sept jours sur sept en pleine saison (avril-octobre) et 5j/7 le reste de la semaine. Ouverte en juillet dernier, la visite s’enorgueillit déjà d'un prix Best of Wine Tourism de la CCI de Bordeaux et affiche un panier moyen de 60 € par acheteur (et de 25 € par visiteur). Ces indicateurs confortent Laurent Mery dans le potentiel de développement de son offre touristique, qui va notamment être soutenue par le pôle touristique de la Cité du Vin (ouvrant en juin 2016) et l'arrivée croissante de croisiéristes (le château peut accueillir des groupes de 20 à 50 personnes).
Le groupe H.Mounier (Cognacs Hardy et Prince Hubert de Polignac) a acheté le château Lamothe Bergeron en 2009 au Crédit Agricole. La production moyenne de la propriété est 400 000 cols par an (entre 60 et 80 % de premier vin).
« On se posait la question de faire payer les visites, ou de proposer un remboursement en cas d’achat à la boutique. Mais depuis l'ouverture, nous n’avons pas eu de réflexions de nos visiteurs sur les tarifs. Ils l’acceptent du moment qu’il y a des animations et un guide dédié » rapporte Laurent Mery. Le château propose trois tarifs de visite, en fonction du nombre de vins dégustés : à 8€, 10€ et 20 € par personne. Cette dernière offre devrait passer à un tarif de 25 €, pour proposer une visite privée et une approche exclusive. Pour l’instant, le château ne vise pas l'accueil hôtelier des particuliers, mais le tourisme d'affaires. En marge d'une offre de réceptions et de séminaires, le château met à disposition de cette clientèle VIP ses quatre suites.
