e charismatique négociant de la Vallée du Rhône, également président de l’UMVin, veut remettre la liberté d’entreprendre au centre de la filière, une approche qui bouscule les codes établis en matière de relation négoce/production, mais pas seulement…
Les réformes et les évolutions sont plutôt lentes dans la filière. Pour vous, la liberté d'entreprendre, qui devrait être le moteur de l'innovation et de l'adaptation des entreprises, est contrariée par des visions d'un autre temps?Nous sommes dans une filière qui ne respecte pas la liberté d’entreprendre. C’est, par exemple, le cas avec les débats sur l’annualisation de Vinisud. Certains critiquent cette idée en mettant en avant qu’ils ne souhaitent pas supporter le coût de ce nouveau rythme. Mais de quel droit peut-on interdire à son voisin d’aller sur un évènement parce qu’on n’y va pas soi-même ? Cela tourne au burlesque ! Pour moi, l’idée d’annualiser Vinisud est une excellente idée. Tous les deux ans, le salon nous permet de faire de l’image, travailler la communication et le marketing. Annualisé, le salon nous permettra de ritualiser la rencontre avec ses acheteurs et de confirmer de manière annuelle la commercialisation. Les entreprises pourront allier les actions d’images à celles de business. Le salon gagnera en efficacité et sera une réponse pertinente à Prowein.
Ces réflexes protectionnistes sont-ils des freins que vous le constatez aussi dans votre action syndicale en tant que représentant du négoce ?Clairement, le système de prise de décision n’est plus adapté aux logiques actuelles. L’Europe place la liberté d’entreprendre au cœur de sa politique économique européenne et les interprofessions sont l’outil privilégié pour porter cette ambition. VCI, rendement, autorisation de plantation devraient être des sujets interprofessionnels. La France n’applique pas cette politique : diverses institutions pilotent la filière. En leur sein, les représentants de la production sont majoritaires. Le négoce n’est toujours pas entendu dans ces instances et, souvent, on se moque de l’avis du négoce. Est-ce recevable que les voix minoritaires ne puissent pas être entendues, voire dans certains cas, ne puissent pas s’exprimer ?
Vous venez d'investir dans le Beaujolais, comment endiguer la crise ?Pour expliquer une crise, il faut remonter aux origines de celle-ci. Il y a souvent un manque d’écoute des propositions interprofessionnelles. L’effondrement des prix fait souvent suite à une hausse de prix qui n’a pas été endiguée car on oublie trop souvent qu’à un produit correspond une cible marketing, un marché et un prix. Quand un produit fonctionne, la demande s’accroît. La plupart du temps, en France, au lieu d’augmenter l’offre, on préfère la maîtriser pour faire grimper les prix. A un certain moment, le prix ne correspond plus à sa cible et le marché se détourne du produit. Il y a alors ce que l’on appelle « une crise », provoquée par une sous-commercialisation. Aujourd’hui, lorsqu’un marché est perdu, les parts de marché ne se retrouvent plus. Pour revenir, il faut écouter, l’avis de l’interprofession et donner la latitude nécessaire à la liberté d’entreprendre…
Une situation que l'on observe en Champagne, où vous venez de lancer un Champagne en partenariat avec Devaux?Les accords interprofessionnels y sont avant-gardistes. Ceux sont les plus respectueux de France. Je ne suis pas inquiet pour le Champagne, même s’il est concurrencé par d’autres effervescents étrangers. La Champagne a su protéger son nom, ce qui fait que rien ne remplacera ce produit. Par ailleurs, il est certain qu’il a de l’avenir. Toute la jeune génération est « addict » au gaz carbonique, car elle a grandi en consommant des sodas. Le marché des effervescents n’est donc pas prêt d’arrêter sa croissance, et le Champagne y a toute sa place. J’en suis heureux car j’adore le Champagne !