ommencée précocement, aux alentours du 10 septembre, la récolte 2015 est sur le point de s’achever dans le Gers. Prenant le relais, la campagne de distillation maquera également les esprits par sa précocité. "La première distillerie va ouvrir ce 8 octobre : c'est rarissime de commencer aussi tôt !" s'exclame l'oenologue Marie-Claude Ségur, responsable technique du Bureau National Interprofessionnel d'Armagnac (BNIA). Si le rythme avancé de la récolte explique ce lancement rapide, les distillations seront également hâtées par les enjeux d'acidité. "Selon les secteurs, le point d'interrogation reste la faiblesse des acidités" explique Marie-Claude Ségur, "cela demande de l'attention dans la conservation (hygiène et thermorégulation) et une distillation rapide".
Avec des rendements corrects de vins à distiller (110 hectolitres par hectare) et des degrés alcool moyens (9,5°.alc), la responsable technique estime que le rendement en Armagnac serait inférieur à 10 hectolitres d'alcool pur cette année. Au niveau de l'appellation, le BNIA espère une production de 17 à 19 000 hl AP d'Armagnac, au mieux en légère hausse par rapport aux 17 000 hl AP de 2014. Avec des stocks de 152 000 hl AP en avril dernier (-2 % par rapport à avril 2014), ces volumes seraient nécessaires pour rester à l'équilibre explique Sébastien Lacroix, le directeur du BNIA.
Sur l'année mobile s'achevant en juin 2015, les commercialisations d'Armagnac accusent un nouveau repli. Selon un échantillon représentatif de ses metteurs en marché*, les ventes se seraient élevées à 4 600 hl AP pour le marché français, 5 000 hl AP à l'export et 2 900 hl AP pour les autres utilisations. Soit des chutes respectives de -2, -8 et -12 % (le marché des utilisations industrielles pâtissant de la concurrence des brandies espagnols).
Objectifs stratégiques du BNIA, les marchés export accusent le coup, avec le repli marqué de ses premiers marchés en valeur (la Russie, pour les tensions géopolitiques et la dévaluation du rouble) et en volume (la Chine instabilités persistantes malgré les timides signes de reprise). Si les cartes sont rebattues à l'export, il y a de "bons signes aux Etats-Unis" souligne Sébastien Lacroix, qui présente cependant un optimisme modéré : "même si les armagnacs n'y sont pas encore assez présents et ne pèsent pas assez en parts de marché".
* : Il s'agit des déclarants mensuels, qui concentreraient 92 % des volumes produits en Armagnac (l'ensemble des producteurs fournissant leur déclaration de commercialisation annuelle en août).
[Photo : CDTL Gers - Collection BNIArmagnac]