Un concours des « Talents », qui met à l'honneur des agriculteurs pour l'emploi de méthodes biologiques et alternatives « innovantes » en agriculture biologique, a été organisé dans le cadre du salon Tech&Bio 2015, à Bourg-lès-Valence (Drôme). « Cette distinction s’appuie sur des critères autant technico-économiques que socio-environnementaux », précise l'organisation.
Parmi les quinze exploitations distinguées cette année, celle de Christophe Grayon, vigneron dans le Puy-de-Dôme, à Boudes. Celui-ci exploite quatre hectares de vignes en agriculture biologique, dans la zone d'appellation « Côtes d'Auvergne-Boudes ». Mais il a fait le choix de ne pas la revendiquer pour les vins qu'il produit : « J'ai préféré en sortir et produire mes vins sans indication géographique, car je ne voulais plus cautionner le système de l'AOC, de plus en plus déviant, pour plusieurs raisons », précise le viticulteur. Les 12.000 bouteilles produites annuellement sont donc vendues sous le nom du cépage qu'elles contiennent, Gamay, Pinot noir, ou Chardonnay, en « vin de France ».
Christophe Grayon s'est équipé de technologies modernes, comme la thermo-régulation, la thermo-vinification ou encore des pompes à chaleur en vue d'économie eau et énergie. Les vins produits lui permettent de « très peu » sulfiter ses vins. Avec des rendements très faibles - 15 hl/ha en moyenne - et des cuvaisons longues, les vins élaborés sont « plutôt de garde » : « Je travaille avec des raisins qui ont beaucoup de matière ; mes vins sont concentrés, colorés », détaille le viticulteur. Le Pinot et le Chardonnay sont ensuite élevés pendant plusieurs mois en fûts. Il parvient ainsi à valoriser entre 8€ et 14€ ses bouteilles, selon les cuvées, « soit 30 à 35% au-dessus du prix de l'appellation ». Des bouteilles qu'il écoule sans trop de difficulté par la vente directe, via quelques cavistes et restaurateurs de la région, et à l'export, au Japon et en Belgique, pour 20% des volumes.
Au vignoble, ses parcelles sont plantées en très forte densité, à environ 7000 pieds par hectare, et présentent l’inconvénient d'avoir une pente importante, de l'ordre de 25%. Pour l'entretien de ses vignes, il a opté pour l'enherbement sous le rang, qu'il tond au moyen d'un tracteur-chenillard équipé d'une tondeuse inter-ceps. L'inter-rang est quant à lui désherbé mécaniquement. « A raison de 1,5 km/h, je mets 15 jours pour tout tondre, trois fois par campagne...Mais cela fonctionne », témoigne t-il. Côté maladies, celui-ci se déclare « très peu, voire pas du tout touché, et ce, avec très peu d'intrants ».
Installé depuis dix ans avec son épouse, ils complètent leur revenu par une activité de chambres d'hôtes. Chaque année, ils accueillent plus de 1500 personnes.
[crédit photo: C Grayon]