n bâtiment de style bordelais discrètement érigé au coeur du Muscadet et d'immenses hangars de part et d'autre : c'est le Centre Castel Loire, à La Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique). Le 19 janvier, Castel y a invité la presse spécialisée. « Ce site est le plus grand centre d'embouteillage d'Europe et le plus important du groupe. Nous y réalisons 20 à 25 % de notre activité », a expliqué Frank Crouzet, le directeur de la communication du groupe.
L'an dernier, le négociant y a conditionné 90 millions de bouteilles et 21 millions de bibs, soit l'équivalent de 188 millions de cols.
Après la présentation de la société et de son outil industriel, la discussion a porté sur son activité et sa stratégie dans le Val de Loire. En 2010, Castel a lancé le muscadet Roches-Linières qui s'est écoulé à plus d'un million de cols l'an dernier, devenant de loin la première marque de cette AOC.
« Le vin provient uniquement de moûts vinifiés sur place, livrés par des viticulteurs sous contrat pour trois ans », a expliqué Rodolphe Lefort, directeur du site. Producteur et négociant s'engagent sur une surface et non sur un volume. La moitié de la livraison est payée selon un prix fixé à l'avance, l'autre moitié est variable, selon les cours.
Avant Roches-Linières, Castel avait créé Plessis-Duval dès 2007. Un autre succès. Sous cette marque, le négociant a vendu plus de 3 millions de cols de cabernet d'Anjou l'an dernier. C'est la première marque du Val de Loire devant Roches-Linières. Si bien que Castel pèse de plus en plus lourd dans la région.
« Nous commercialisons 25 % des vins du vignoble nantais, soit 120 000 hl, et 10 % de la production du Val de Loire, a affirmé Rodolphe Lefort. À l'échelle de la région, nous avons des contrats pluriannuels avec 350 viticulteurs sur 1 100 ha. Dans le Muscadet, c'est avec 100 viticulteurs sur 600 ha, soit un peu moins de 7 % du vignoble. »
Rodolphe Lefort a ajouté : « Notre objectif est de pérenniser des volumes en nous positionnant sur des marques. Celles-ci permettent de stabiliser les vignobles, de les tirer vers le haut. »
Le responsable explique le succès de ses marques par leur excellent rapport qualité-prix. Ainsi, le muscadet Roches-Linières 2010, vendu autour de 3 euros en grande surface, est médaille d'argent au Concours général agricole et Saveur de l'année 2011, des distinctions que les bouteilles portent. Le lancement s'est accompagné d'une offre « Satisfait ou 100 % remboursés ». L'habillage est traditionnel et élégant. Tout cela rassure les consommateurs et les incite à passer à l'achat.
Pour soutenir son développement, Castel n'envisage pas d'acheter du vignoble. « Chacun doit revenir sur son métier d'origine, a expliqué Rodolphe Lefort. Un vignoble, c'est lourd à développer. On le voit bien avec nos propriétés. C'est plus simple, plus efficace et plus logique de contractualiser avec des viticulteurs. Cela nous offre plus de réactivité. »
Face au déclin du muscadet, le négociant se dit prêt « à accompagner ceux qui veulent planter du chardonnay ou du sauvignon en proposant des contrats pour faire des vins de France ». Il est également favorable à l'introduction de colombard dans l'appellation muscadet, comme le souhaite une partie de la production. « C'est le cépage qui équilibre le mieux le muscadet. Il permet d'avoir plus d'arômes. »
En 2011, la branche vin de Castel, numéro trois mondial du vin, a vendu l'équivalent de 640 millions de bouteilles pour un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros. Le site de La Chapelle-Heulin a réalisé un chiffre d'affaires de 193 millions d'euros, en hausse de 11 % par rapport à 2010.