« Entre 2008 et 2014, 2 644 ha supplémentaires ont été engagés en contrat raisin avec le négoce, précise Jean-Marc Charpentier, président du Groupe des Jeunes Viticulteurs de la Champagne, lors de la conférence de presse du 13 mars. La baisse des ventes de bouteilles produites par le vignoble nous inquiète car elle accroît notre dépendance vis-à-vis du négoce. Cela pourrait se traduire par une chute brutale du prix du raisin à moyen terme. »
Le Groupe des Jeunes redoute également que la différence de revenu s'accentue entre les grands crus et les zones périphériques, moins recherchées par le négoce.
L'érosion de la vente de bouteilles des viticulteurs s'explique principalement par la mauvaise santé du marché français et par le développement de la double activité, peu propice à la vente directe.
La Champagne compte 500 à 600 récoltants en plus chaque année, alors que la surface du vignoble reste stable, autour de 33.000 ha. Les exploitations ne cessent donc de se morceler. Preuve de ce mouvement, le négoce a signé moins de 400 contrats d'approvisionnement en 1994, contre 12 000 en 2014.
« LE CHAMPAGNE TEL QU'IL A ÉTÉ N'EXISTE PAS »
« Avant, les négociants ne contractualisaient qu'avec les coopératives et les centres de pressurage, souligne Stéphane Regnault, vice-président du Groupe des Jeunes. Depuis une dizaine d'années, il s'intéresse aux contrats de 30 ares. »
Pour que le vignoble regagne des parts de marché ? qui s'établissent à 30 % des ventes actuellement ?, le Groupe des Jeunes encourage les vendeurs au kilo à se tourner vers les coopératives et unions de coopératives qui ont les capacités à se développer à l'export. Il exhorte les viticulteurs à respecter les accords interprofessionnels de 5 ans et à ne pas signer de contrats de 18 à 20 ans. Il souhaite inciter les vignerons à mutualiser leurs moyens, notamment par l'achat commun de matériel.
Pour David Ménival, professeur d'économie à l'école de commerce Néoma (Reims-Rouen), « il faut qu'il y ait une prise de conscience que le champagne tel qu'il a été n'existe plus. Les 307 millions de bouteilles vendues en 2014 ne doivent pas nous rassurer car le marché français est malade et la croissance à l'export s'est faite dans des pays instables sur le plan monétaire et économique. Dans le marché très concurrentiel des effervescents, il faut repenser la stratégie collective du champagne ».