« Je ne me sens pas du tout coupable, c'est intolérable d'être obligé de se masquer, d'être dans la peur quand on assume une position », a déclaré à la presse Emmanuel Giboulot à l'issue du délibéré rendu par le tribunal de Dijon, le 7 avril, à son encontre.
En 2013, la préfecture de Côte-d'Or avait imposé un traitement obligatoire sur toutes les vignes du département contre la cicadelle de la flavescence dorée. Emmanuel Giboulot avait refusé de traiter ses dix hectares qu'il exploite en Côte-de-Beaune et Hautes-Côtes-de-Nuits. Même au Pyrévert, pesticide naturel autorisé en bio. Après un contrôle en juillet de la Direction régionale de l'agriculture, il avait été convoqué devant la justice.
Le viticulteur encourait six mois d'emprisonnement et 30?000 euros d'amende. Sa peine a été assortie d'une amende avec sursis de 500 euros, conformément aux réquisitions lors du procès, fin février. Emmanuel Giboulot a annoncé son intention de faire appel.
PYRETHRINE
La pyréthrine, qui n'est « pas sélective et tue la faune auxiliaire », ne doit être appliquée que « si on n'a pas le choix », a répété lundi le viticulteur devant une centaine de militants écologistes, réunis devant le tribunal de Dijon pour le soutenir. « On ne peut plus banaliser les traitements. » « Preuve », selon lui, que l'application de ce produit n'était pas indispensable?: « Dans le périmètre de mes parcelles, il n'y a pas de pied de flavescence dorée qui s'est exprimé. »
« Le principe de précaution est dévoyé puisqu'on impose l'usage préventif de pesticides sans menace avérée et au détriment de la santé des travailleurs et des consommateurs », a dénoncé l'eurodéputée EELV Sandrine Bélier, présente aux côtés d' Emmanuel Giboulot.
Le porte-parole d'EELV, Julien Bayou, a prévenu que « le scandale des pesticides pourrait être le nouvel amiante ».
VIVE POLEMIQUE
Lors de l'audience, en février, le directeur régional de l'Alimentation et de l'Agriculture, Jean-Roch Gaillet, avait pour sa part assuré que des cas de flavescence dorée avaient été détectés « dans les communes voisines, à Pommard, à Volnay, à Saint-Aubin, à Meursault ». Les mesures de traitement avaient été prises, selon lui, « en accord total avec la profession, y compris la filière bio ».
L'affaire a suscité une vive polémique au sein de la profession qui s'est désolidarisée d'Emmanuel Giboulot, même dans la filière bio, déplorant la mauvaise publicité faite aux vins de la région.
Dans un communiqué, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne estime que « cette affaire est désormais close. La profession préfère se concentrer sur la lutte contre la flavescence dorée qui reste un enjeu majeur pour le vignoble bourguignon. La volonté de l'ensemble des acteurs est de réduire au minimum le nombre de traitements insecticides, ainsi que la surface concernée. Rappelons qu'à ce jour, il n'existe, hélas, aucune alternative pour lutter contre cette maladie très épidémique et mortelle pour la vigne », ajoute l'interprofession.