'assemblée générale de la coopérative Alliance Bourg (142 coopérateurs, 872 ha, 43 000 hl en récolte normale, 3,4 millions de cols vendus dont 15 % à l'export) a appris, le 26 avril, la démission forcée de son président mis en cause pour des « irrégularités ».
Alliance Bourg emploie 35 salariés et dispose d'une filiale, un groupement d'employeurs, qui met à la disposition de la cave et des coopérateurs sept salariés en CDI. « L'ancien président a utilisé le groupement en payant, via la cave coopérative, des factures qui auraient dû être réglées par sa propre entreprise. Il s'est servi du groupement à des fins personnelles. C'est ce qui a été révélé par les commissaires aux comptes », explique Christophe Doucet, élu nouveau président de la coopérative. L'affaire a été portée devant le procureur de la République. Un audit est en cours sur le groupement d'employeurs et sur la SCEA qui gère les fermages de la coop.
Sur place, les révélations ont provoqué un choc. Le moral des coopérateurs est au plus bas d'autant qu'une lettre anonyme, dénonçant les agissements du président, circule dans le vignoble. Ce courrier fait état d'un déficit « de 700 000 ? et ce malgré que la rémunération des coopérateurs ait diminué de 30 % ». La cave qui a réalisé un chiffre d'affaires de 10,5 millions d'euros sur l'exercice 2013 « affiche bien un déficit de 700 000 ? », indique Mickaël Violleau, le nouveau directeur général de la cave, qui précise toutefois que, contrairement à ce qu'affirme la lettre anonyme, il n'y a pas de plan social en vue.
Pour redresser la situation, la nouvelle équipe compte réduire les heures supplémentaires effectuées par les salariés de la coop les ramenant « de 3 000 heures à moins d'un millier ». Tous les postes de charge vont être revus. De même, des renégociations vont être engagées auprès des prestataires extérieurs qui réalisaient des travaux viticoles pour le compte de la SCEA, gestionnaire des fermages.
Plongée dans la tourmente, la cave risque une hémorragie de ses viticulteurs, d'autant que la gestion de l'ancienne équipe aurait aussi provoqué une flambée des frais de vinification qui pourraient passer de 360 euros du tonneau à 500 euros selon les prévisions...
Alliance Bourg, créée en 2007, avait déjà dû affronter le départ de plusieurs de ses coopérateurs lorsqu'elle avait tenté un rapprochement avec la puissante cave des Hauts de Gironde, devenue Tutiac. Le projet avait finalement avorté mais une quarantaine de coopérateurs, représentant 400 ha, avait quitté Alliance Bourg en 2009 pour rejoindre la cave des Hauts de Gironde.
Ce mercredi 14 mai, la coopérative doit se réunir en bureau. Il y sera examinée la suite à donner à cette lettre anonyme. « Nous allons déposer une main courante », indique Mickaël Violleau. Reste la question qui est sur toutes les lèvres : qui sont les auteurs de la lettre ? « Ce courrier a vocation à déstabiliser les coopérateurs », confie Christophe Doucet.