« L'aval de la filière viticole investit de plus en plus dans le foncier. » Tel est le constat de la fédération nationale des Safer au vu de l'analyse du marché foncier des vignes en 2013. Dans son rapport annuel, la FNSafer cite pour exemple « des distillateurs de production en Charentes-Cognac », des « maisons de négoce dans le Beaujolais ou la vallée du Rhône », des « producteurs de crémant en Côte-d'Or ou des caves coopératives en Languedoc-Roussillon ou en Bourgogne ».
Si le phénomène existe depuis longtemps en Champagne, il semble qu'il gagne la plupart des grands bassins viticoles. Comme le relèvent les experts, il s'agit pour ces nouveaux opérateurs de sécuriser leur « approvisionnement alors que la production viticole diminue ».
PARTS SOCIALES
La FNSafer note également que « le marché foncier n'est pas le seul moyen d'accéder à la production viticole. L'acquisition de parts sociales permet à des détenteurs de capitaux importants d'accéder directement à une unité de production complète, y compris ses stocks de vin ». La voie du transfert de parts sociales est ainsi utilisée pour permettre à ces nouveaux intervenants de s'installer en viticulture où SCEA et SA sont les plus nombreuses et en pleine expansion (plus de 12 % du nombre d'exploitations d'après le recensement agricole 2010).
D'après un suivi des annonces légales opérées par les Safer en 2013, les transferts de vignes par achat de parts sociales correspondent « au minimum à 22 % des surfaces vendues en Gironde et à la moitié des surfaces vendues en Charente, dans l'aire de production du Cognac ».
AGRANDISSEMENT
La FNSafer précise dans son rapport que ces transferts peuvent être le fait de viticulteurs locaux, mais sont majoritairement dus à « des banques, des compagnies d'assurance, des fonds étrangers à l'agriculture ainsi qu'à des particuliers étrangers : Belges, Anglais, Russes ou Chinois. Ces derniers, arrivés il y a trois ans, détiennent au moins 95 châteaux bordelais sur les 7 000 que compte le vignoble girondin ».
Enfin, la FNSafer note « qu'une petite part de transactions concerne des parcelles [...] acquises dans le but d'un agrandissement. Ces opérations, aujourd'hui minoritaires, pourraient s'accroître à l'avenir, ces mêmes acteurs souhaitant désormais agrandir leur investissement initial ».
Le prix des vignes est stable, voire en progression
La conférence de presse de la FNSafer du 28 mai a été également l'occasion de faire le point sur le prix moyen national des hectares de vignes. Pour les vignes en AOP, la moyenne s'établit en 2013 à 131 600 euros par ha. Il reste au niveau de 2012 (- 0,1 %). Le prix moyen national des vignes à eaux-de-vie AOP ? reflet principalement de celui des vignes de Charentes-Cognac ? progresse de 10,8 %. Il s'établit à 39 000 euros par ha. Enfin, le prix des vignes hors AOP gagne 1,7 % en 2013 : un hectare vaut en moyenne 12 100 euros. Pour la deuxième année consécutive, tous les bassins viticoles concernés par cette catégorie de vins enregistrent des hausses.