nterpellé par des viticulteurs mécontents de l'organisation du dernier Concours général agricole (CGA), Philippe Brisebarre, président de l'AOC Vouvray (Indre-et-Loire), déclare : « Il n'est pas normal qu'un jury de dégustateurs au CGA soit composé uniquement de consommateurs. Il faut s'assurer qu'il y ait parmi les dégustateurs au moins un porteur de mémoire, c'est-à-dire un vrai connaisseur de l'appellation. »
Ce responsable, par ailleurs, vice-président du comité des vins de l'Institut national des appellations, compte aborder le sujet lors de la prochaine commission permanente de l'Inao, organisée le 24 mars à Paris.
Pour Philippe Brisebarre, président de l'AOC Vouvray et vice-président du comité des vins de l'Inao, l'incident révèle un risque de banalisation des AOC. Il s'explique : « Le Concours général agricole est organisé sous le contrôle de l'État et a pour ambition de récompenser les meilleurs produits du terroir. On ne peut donc pas laisser faire n'importe quoi ! Sans un porteur de mémoire à chaque table de dégustation, on court le risque d'une standardisation des vins, car il y a des subtilités entre les AOC que les consommateurs ne savent pas toujours reconnaître. Certains goûts peuvent surprendre défavorablement ceux qui n'ont pas assez l'habitude de déguster tel ou tel produit. »
Réponse du CGA : « Nous faisons en sorte qu'il y ait toujours un professionnel dans le jury »
Contacté sans réponse le 23 mars, Wilfried Fousse, commissaire général au CGA, a pris contact avec notre rédaction le 25 mars. Il conteste l'affirmation selon laquelle les trois dégustateurs étaient « trois consommateurs parisiens ».
« À la table du Vouvray, nous avions effectivement trois dégustateurs. Mais il s'agissait de deux consommateurs avertis et d'un viticulteur qui n'était pas de la région concernée », explique Wilfried Fousse.
Et d'ajouter : « Notre règlement pose comme principe que les jurys doivent être composés pour moitié de consommateurs avertis et de professionnel de la production. Nous sommes souvent confrontés à des soucis d'organisation pour les jurys chargés des petites appellations. Il y a un manque de volontaires ».
Convaincu de l'importance de préserver la plus grande diversité dans les typicités de produits présentés, le CGA est en train de mettre en place une formation à la dégustation ciblant les jurys en partenariat avec l'Inao.